TOUT EST DIT

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lundi 7 mars 2011

Les malentendus de la parité

Sommes-nous des machistes indécrottables ? Selon une étude de l'Insee, largement médiatisée, un quart des Français estime qu'en cas de crise économique, « les hommes devraient être prioritaires pour trouver un emploi ». Rassurons-nous tout de même : cette opinion est minoritaire (près des deux tiers des personnes interrogées sont d'un avis contraire) ; de plus, elle n'est pas spécifiquement masculine : elle est partagée, dans les mêmes proportions, par les deux sexes. Notre pays occupe d'ailleurs, pour l'emploi des femmes, un rang honorable : le taux d'activité des Françaises (66 %) est supérieur à la moyenne européenne.

Pourquoi, alors, cet apparent préjugé « antiféminin » exprimé par un Français sur quatre ? Il traduit peut-être moins une préférence qu'un constat : les difficultés rencontrées par les femmes -qu'il s'agisse d'emploi, de salaire ou de carrière -conduisent, de fait, les couples à privilégier le travail de l'homme. Ces difficultés suscitent, jusqu'ici, plus de discours que de mesures concrètes. Une loi de 2006 avait prévu l'obligation, pour les entreprises de plus de 50 salariés, d'engager des actions en faveur de la parité, et les sanctions réservées aux récalcitrantes ont été précisées en 2010 : à cette date, à peine 8 % des entreprises concernées avaient signé des accords dans ce sens. Le monde du travail n'est pas seul en cause. L'insuffisance du nombre de crèches, dans un pays qui connaît un boom de la fécondité, se mesure à la proportion d'enfants de moins de trois ans gardés hors du milieu familial : 31 %, selon Eurostat, contre 45 % aux Pays-Bas, 73 % au Danemark... Autre obstacle, le système fiscal : l'imposition conjointe des couples (une particularité française) fait du salaire féminin, notamment chez les cadres, un revenu d'appoint -celui auquel on renonce quand les tâches familiales s'alourdissent.

Créer des quotas obligatoires de femmes dans certaines instances est une mesure spectaculaire, mais elle ne concerne qu'une infime minorité. Et surtout, au lieu de s'attaquer aux racines du mal, elle ne traite qu'un de ses symptômes.

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