TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 7 mars 2011

La BCE sous influence allemande ?

Une décision majeure a été annoncée en fin de semaine dernière. Avec un problème lui aussi majeur : elle semble sans raison. Sauf catastrophe, l'argent coûtera plus cher en Europe à partir du 7 avril prochain. Ce jour-là, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) devrait relever son taux d'intérêt directeur de 1 à 1,25 %. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a employé jeudi dernier le mot de code habituel pour annoncer la hausse -« strong vigilance », forte vigilance. Cette hausse annoncée est une décision grave car elle va affecter le prix de la ressource de base des banques encore convalescentes, même si beaucoup d'entre elles ont affiché de beaux résultats l'an dernier. La Banque d'Angleterre n'a pas osé la prendre alors que la hausse des prix atteint 4 % en un an au Royaume-Uni contre 2,4 % dans la zone euro.

Pour faire un tel choix, il faut avoir une excellente raison. Et pour la BCE, il n'y a qu'une seule bonne raison : une menace sur la stabilité de la monnaie et donc des prix. Elle a précisé cet objectif gravé dans le marbre du traité européen : les anticipations d'inflation doivent être un peu au-dessous de 2 % l'an. Cet objectif est-il menacé ? Rien ne l'indique dans les deux piliers auscultés par la BCE pour évaluer le risque. Ses experts prévoient une hausse des prix de 2,3 % cette année, suivie d'un retour au-dessous de 2 % dès l'an prochain. Ils constatent aussi une lente progression de la masse monétaire (l'agrégat M3 n'a augmenté que de 1,5 % en un an). Le seul risque est celui d'un « effet de second tour », où les produits alimentaires et l'énergie plus chers provoquent des revendications salariales débouchant sur une flambée des feuilles de paie, qui se retrouverait ensuite dans les prix. Un scénario peu probable dans une zone euro où un actif sur dix est au chômage.

La BCE a donc d'autres motifs. Le durcissement de sa politique pourrait refléter les tensions au sein de son Conseil, fragilisé par l'incertitude sur la succession Trichet. Il peut aussi être interprété comme une injonction donnée aux gouvernants d'agir plus fermement pour réduire les déficits publics. Il peut enfin venir d'une analyse inspirée davantage du contexte allemand que de la zone euro. L'Allemagne est en effet le pays où l'enclenchement de la spirale inflationniste est le moins improbable. La BCE agirait alors sous l'influence de sa voisine la Bundesbank, distante d'à peine quatre kilomètres. Aucune de ces raisons n'est valable. Si la BCE relève son taux directeur, elle devra impérativement justifier ce choix.

0 commentaires: