TOUT EST DIT

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lundi 7 mars 2011

L'ONU et Washington accentuent la pression sur Kadhafi

L'Organisations des Nations unies a demandé, dimanche, un "accès urgent" aux victimes des bombardements menés par le régime du colonel Mouammar Kadhafi dans la ville de Misrata, 150 km à l'est de Tripoli. Dans un communiqué, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, "observe que les civils subissent l'essentiel des violences, et appelle à un arrêt immédiat de l'usage disproportionné de la force et des attaques aveugles contre des cibles civiles de la part du gouvernement". Ban Ki-moon "souligne que les auteurs de violation du droit humanitaire international ou de crimes graves devront répondre de leurs actes".

"Les organisations humanitaires ont besoin d'un accès urgent maintenant", a déclaré la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les affaires humanitaires, Valerie Amos, dans un communiqué. "Des gens sont blessés et mourants et ont besoin immédiatement d'aide. J'appelle les autorités à permettre l'accès sans délai pour permettre aux travailleurs humanitaires de sauver des vies", affirme Mme Amos.
Le Croissant-Rouge à Benghazi rapporte que Misrata "est attaquée par les forces gouvernementales et que le Croissant-Rouge libyen tente d'y envoyer des ambulances depuis Tripoli pour récupérer les morts et les blessés", selon un communiqué du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). A Misrata, troisième ville du pays, un habitant et un insurgé ont déclaré par téléphone à l'AFP que la ville était contrôlée par l'insurrection, malgré une offensive gouvernementale à l'arme lourde. "Les chars tirent des obus sur le centre-ville", a expliqué cet habitant.
MISSION DIPLOMATIQUE
Dans son communiqué, Mme Amos se dit "très inquiète de ce qui se passe actuellement dans l'ouest de la Libye". Actuellement en visite à la frontière entre la Tunisie et la Libye, confrontée à un afflux massif de réfugiés, elle a par ailleurs remercié les autorités tunisiennes pour avoir permis à plus de 100 000 personnes de fuir la Libye et de passer en Tunisie, où un pont aérien a été mis en place depuis jeudi pour les rapatrier vers leur pays. L'afflux de réfugiés à la frontière s'est réduit à quelques centaines par jour, contre ving mille la semaine passée.
Le secrétaire général de l'ONU a confié à Abdelilah Al-Khatib, ancien chef de la diplomatie jordanienne, la tâche d'"engager des consultations urgentes avec les autorités de Tripoli et de la région sur la sitation humanitaire". Ban Ki-moon s'est entretenu dans la journée avec le ministre des affaires étrangères libyen, Moussa Koussa, enjoignant aux autorités de Tripoli d'"assumer la responsabilité qui est la leur de protéger les citoyens de leur pays et de tenir compte des aspirations légitimes du peuple libyen à vivre dans la dignité et la paix".
DÉBATS À WASHINGTON
A Washington, les appels en faveur d'un soutien militaire aux rebelles libyens opposés au régime de Mouammar Kadhafi se multiplient. A ce stade, l'administration Obama se montre prudente, examinant "toutes les options", y compris militaires, et réitérant ses appels au départ du colonel Kadhafi. Mais la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a reconnu cette semaine que les Etats-Unis étaient encore "loin d'une décision" sur l'opportunité d'instaurer une zone d'exclusion aérienne en Libye.
Dimanche, la pression est montée d'un cran sur le président Barack Obama. A l'instar de l'influent sénateur républicain John McCain, pour qui une zone d'exclusion aérienne permettrait d'"envoyer un signal" de fermeté au dirigeant libyen, le sénateur démocrate John Kerry a estimé qu'une telle zone devait être décrétée pour empêcher l'aviation libyenne de s'en prendre aux rebelles et à la population civile. "La dernière chose que nous voulons est une intervention militaire, mais je ne considère pas que la zone d'exclusion en constitue une", a affirmé sur CNN M. Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Sénat. "Nous ne voulons pas de troupes sur le terrain, ils ne veulent pas de [nos] troupes sur le terrain", a-t-il convenu, tout en précisant qu'il y avait d'autres moyens de montrer la puissance américaine pour faire plier Mouammar Kadhafi.
Quatre avions de transport C-130 états-uniens évacuent des Egyptiens réfugiés à la frontière tunisienne, et deux navires militaires se trouvent en Méditerranée avec 1 200 marines à leur bord. Les forces de Kadhafi "ne vont pas cesser de retourner la question dans leur tête, 'que peuvent-ils faire d'autre'" que d'apporter de l'aide humanitaire, a estimé le sénateur Kerry. "Je suppose que de nombreuses armes vont trouver leur chemin [vers la Libye] d'une manière ou d'une autre au cours des prochaines semaines", a-t-il ajouté, sans plus de précision. L'ancien gouverneur démocrate du Nouveau-Mexique et proche de l'administration Clinton, Bill Richardson, s'est montré plus direct en soutenant dimanche qu'il était temps d'"armer secrètement les rebelles". Tout comme l'ancien conseiller à la sécurité nationale de George W. Bush, Stephen Hadley, pour qui Washington doit s'impliquer plus avant, y compris en armant les insurgés, qui ont cédé du terrain dimanche face à une contre-offensive et des raids aériens des forces loyales au colonel Kadhafi.

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