lundi 7 mars 2011
Un défi prénommé Marine
Le sondage donnant Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle secoue la classe politique. Une réédition du 21 avril 2002 — le candidat du FN en deuxième position, éliminant le socialiste — était présentée jusque-là comme l’hypothèse honteuse par excellence. Mais l’enquête Harris Interactive pour « Le Parisien » montre qu’en 2012 Marine Le Pen pourrait faire mieux que son père, en arrivant en tête !
Les chiffres — en raison des marges d’erreur — ne disent pas qui, de Nicolas Sarkozy ou de Martine Aubry, resterait sur le carreau, mais le coup de semonce vaut pour tous, même si le choix des 1618 personnes interrogées appelle trois réserves : près de quatorze mois nous séparent du scrutin présidentiel et rien n’est figé ; les sondages sont parfois démentis par la réalité parce qu’ils mesurent l’humeur d’un moment et non la réflexion du citoyen face au choix réel ; enfin, le questionnaire ne comporte pas l’hypothèse d’une candidature de Dominique Strauss-Kahn.
Sans donc surévaluer l’enquête, celle-ci montre, pour le moins, que Marine Le Pen a réussi son entrée sur le ring politique.
Ce fait crée aux autres acteurs le casse-tête de parer cette percée, qui se surajoute à la traditionnelle confrontation droite-gauche. Or, cette parade n’est pas simple. Pour l’opposition, Nicolas Sarkozy est coupable d’avoir banalisé les idées du FN à coup d’initiatives sur l’immigration, l’identité, la laïcité. Pour la majorité, l’erreur serait d’abandonner à l’extrême droite des thèmes qui préoccupent les Français.
De son côté, Marine Le Pen prend habilement le vent, en prônant une surtaxation des profits pétroliers et une action contre la spéculation sur les produits énergétiques et alimentaires. Une façon de lustrer une image sociale et de dégonfler la fixation sur l’immigration.
Tout cela constitue un défi pour les autres forces politiques, qui doit être relevé avec intelligence et dans le respect des Français. L’imitation du Front national, autant que la posture dédaigneuse à l’égard de son propos, risquent d’être improductives. Il y faudra plutôt de la réfutation constructive et plus d’exemplarité éthique.
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