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lundi 7 février 2011

Pourquoi le pacte économique franco-allemand irrite les Européens

La France et l'Allemagne défendent un "pacte de convergence" pour renforcer la compétitivité des économies de la zone euro. Une initiative très influencée par Berlin et déjà très critiquée. Explications.

Paris et Berlin ont décidé de ralentir la cadence. L'adoption d'un "pacte de convergence économique", annoncée pour vendredi 4 février, a finalement été repoussée à fin mars. "Nous devons au préalable nous mettre d'accord au sein de la zone euro", a expliqué la chancelière allemande Angela Merkel. Une mission dévolue à Hermann Van Rompuy. Le président de l'UE n'aura pas la tâche facile. Car les grandes lignes de ce pacte, largement influencé par l'Allemagne, suscite déjà de nombreuses oppositions.
Que propose ce pacte?L'objectif est de "renforcer la compétitivité des économies européennes", a indiqué vendredi Nicolas Sarkozy. Comment ? En mettant en place une cure d'orthodoxie à l'échelle européenne: suppression de l'indexation des salaires sur les prix là où elle n'existe pas déjà, recul de l'âge de départ en retraite, nivellement des fiscalités et mise en place de plafonds contraignants de déficit public. Le tout pouvant être assorti de pénalités.
L'Allemagne tente-elle vraiment d'imposer son modèle?Angela Merkel a clairement laissé entendre qu'elle souhaitait que le modèle retenu pour ce pacte soit à l'image de l'économie allemande. Côté français, on assure qu'il n'y a "pas de risque de domination allemande là-dedans". En réalité, le projet porte très nettement l'empreinte de Berlin. La volonté d'inscrire un plafond constitutionnel de déficit, comme il en existe déjà outre-Rhin, en est la preuve. Surtout, le pacte ne fait aucune mention d'un éventuel plafonnement des excédents et déficits commerciaux, comme le préconise Bruxelles, et encore moins de la fluctuation compétitivité-prix. De telles mesures, si elles étaient adoptées conduiraient en effet à sanctionner l'Allemagne, économie fortement exportatrice et où les salaires n'ont pas beaucoup progressé ces dernières années.
Qui s'oppose à ce pacte?La Belgique, qui refuse de supprimer l'indexation des salaires sur les prix. Une pratique également en vigueur au Luxembourg, au Portugal et à Malte. L'Espagne a également exprimé des réticences sur les objectifs de salaires. L'Autriche est réservée sur les retraites. L'Irlande et la Slovaquie s'inquiètent pour leur part de devoir relever l'impôt sur les sociétés, leur principale arme compétitivité. La Commission européenne n'apprécie guère, de son côté, d'être reléguée au second plan par le couple franco-allemand, alors qu'une réflexion sur ces sujets est déjà engagée au niveau communautaire sous son impulsion.
Pourquoi la France le soutient?D'abord parce que le moteur de l'Europe, pour Nicolas Sarkozy, c'est le couple-franco-allemand. Ensuite parce c'est la condition sine qua non pour que Berlin accepte d'augmenter la capacité de prêt du Fonds de secours de la zone euro, afin de prévenir un défaut de l'Espagne ou du Portugal. Enfin, et surtout, parce que Paris n'a pas de sacrifice à faire pour ce pacte. La désindexation des salaires sur les prix? Mitterrand l'a fait en 1983, sauf pour le Smic, mais les bas salaires ne seraient pas concernés. Le recul de l'âge de la retraite? C'est le coeur de la réforme votée en 2010. Et heureusement, l'Allemagne n'impose pas la retraite à 67 ans comme chez elle. La convergence fiscale? La réforme est en préparation. La France prévoit notamment de supprimer le bouclier fiscal et l'ISF. L'abaissement des charges sociales pesant sur le travail, compensé par une hausse de la TVA (comme l'a fait l'Allemagne), est aussi en débat. Inscrire la maîtrise des déficits dans la Constitution? Un projet de loi en ce sens sera présenté dans les prochaines semaines.

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