TOUT EST DIT

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lundi 7 février 2011

L'injustice faite au gardien

La civilisation de l'image commet beaucoup d'injustices, c'est dans sa nature. Cela vient, on le sait, du fait que le spectaculaire ou le dramatique ont naturellement l'esprit frappeur. Le sort du gardien de but dans les émissions sportives du dimanche soir en est l'exemple le plus saisissant : ce résumé des rencontres est exclusivement fait des « plus beaux buts de la journée » où les attaquants sont en posture de mitrailleuses et les gardiens de passoires.

Si l'on était le syndicat des gardiens de but, on exigerait une parité entre les images des buts encaissés et celles des arrêts réussis. Ceux-ci ne sont pas moins spectaculaires que ceux-là. Cette subtile déformation de la réalité conduit le public sportif à encenser les attaquants de préférence, par exemple, aux « milieux de terrain », sans qui aucun tireur ne recevrait une cartouche. Au reste ils en tirent souvent eux-mêmes avec succès. Sans compter la façon dont ils entravent, dégoûtent ou stérilisent les attaquants adverses, soulageant ainsi leurs défenseurs...

Le parallèle est trop facile avec le monde politique et économique. Les petites phrases tiennent lieu de buts marqués. Les propositions mirobolantes font taches de lumière, sans qu'on sache bien comment l'intendance suivra. Les méfaits sanglants déchirent le journal télévisé, mais les attentats déjoués ne sont pas connus, et pour cause. Que le gouvernement fasse une gaffe, il encaisse un but ; qu'il n'en fasse pas, on passe à la suite. Une banque est rarement louée pour son faible taux de créances douteuses, pourtant le socle de sa défense. Et certains succès sont célébrés malgré les moyens coûteux engagés pour les obtenir. Il en va ainsi des équipes vedettes du football, pour revenir à lui : au décompte des buts par rapport à leur budget, on sait des équipes dites modestes qui leur en remontreraient en productivité.

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