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lundi 27 janvier 2014

Le virage ou le mirage du « pacte »?

Le virage ou le mirage du « pacte »?


François Hollande a changé de discours, c’est sûr. D’orientation aussi, à en juger par les embarras de la droite et les sourires du Medef. Pourtant, le virage social-démocrate du Président n'est peut-être pas aussi marqué qu'on veut bien le dire.



30 milliards d’allègements de charges pour les entreprises ? Spectaculaire affichage qui peut séduire à droite. Sauf que ces 30 milliards intègrent le recyclage des 20 milliards du CICE. L’effort supplémentaire est donc en réalité d’une dizaine de milliards... sur 3 ans.
Lesquels 20 milliards, s’ils ne font plus l’objet d’un crédit d’impôt, seront réintégrés au résultat de l'entreprise et soumis à l’IS (33%). C’est autant d’allègement en moins.
N’en déplaise à monsieur Mélenchon, l’allègement supplémentaire des charges sur le travail serait plutôt de 5 milliards d’ici à 2017.
Baisse de l’impôt sur le revenu ? Belle intention pour rassurer l'opinion! La seule certitude, c’est que cette année, nous allons payer environ 12 milliards de prélèvements en plus : hausse de la TVA, fiscalisation de la part patronale des cotisations mutuelles, baisse du plafond du quotient familial, hausse des cotisations retraite, rabotage de certaines niches.
Il est vrai que la masse globale des revenus, par ailleurs, progresse, et que ces 12 milliards sont à relativiser. Mais ils sont là quand même, en attendant de parler de baisse!
50 milliards de dépense publique en moins ? C’est le chiffre (52 milliards exactement) avancé par François Hollande pour compenser les cotisations familiales des entreprises (on vient de voir que c’était déjà largement fait), baisser la dette et alléger l’impôt. Il a même précisé que ce serait 18 milliards en 2015, 18 milliards en 2016, 17 milliards en 2017.
Au secours, l’austérité ? Pas si sûr : comme le précise le ministre Michel Sapin, c’est du « tendanciel ». Comprenez : c’est 18 milliards de moins que si on laissait filer naturellement la dépense publique. En gros, on gèle tout.
Baisse ou non hausse? La dépense publique (Etat, Sécu, collectivités), c’est 1151 milliards. Une grosse moitié pour la santé, les retraites, etc, des choses peu compressibles. Si vous la laisser filer au rythme de la croissance (1% par exemple), hop, on est à 11,5 milliards de plus. Si vous la gelez, vous avez gagné 11,5 milliards aux yeux de Bruxelles qui regarde surtout les ratios (déficit public rapporté au PIB, le fameux objectif de 3%) plutôt que les valeurs absolues.
C'est exactement ce qu'on fait dans le budget 2014: on parle de 15 milliards d'économies; en réalité, la dépense publique ne diminue que de 1,5 milliard. Le reste, c'est de la non  hausse. Ceci ne signifie pas que ça passe comme une lettre à la poste, qu’il n’y a pas des économies et des efforts ici et là. Ca veut dire, pour peu que les prix augmentent, qu’il n’y aura peut-être pas les grandes réformes douloureuses tant redoutées.
Conclusion provisoire: il ne faut ni se réjouir trop vite, ni trop hurler avant d'avoir mal!

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