TOUT EST DIT

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lundi 7 février 2011

Angela Merkel 2.0

La mue a été discrète. Elle n'en est pas moins majeure, et l'Europe tout entière pourrait en être bouleversée. Cette mue, c'est celle d'Angela Merkel. Certes, la chancelière allemande porte toujours les mêmes tailleurs compassés. Mais, dans sa tête, le changement est radical. En mars dernier, alors que la Grèce peinait à lever de l'argent sur les marchés financiers, elle affirmait encore devant les députés du Bundestag que « nous aurons besoin d'une disposition qui permette en dernier recours d'exclure un pays de la zone euro ». En décembre, devant le même Bundestag, la chef du gouvernement allemand expliquait au contraire qu' « on ne laissera tomber personne » dans l'Union monétaire. Lors du Conseil européen de vendredi dernier, Angela Merkel a achevé sa métamorphose. Soutenant que « l'euro appartient aussi à un projet politique », elle a présenté pour l'Europe, avec le président français, des projets d'harmonisation fiscale et même sociale. Le « gouvernement économique » cher aux Français se dessine enfin.

On aurait tort de ne voir là que de vagues projets destinés à rassurer les acteurs des marchés financiers ou les électeurs allemands. Après un formidable renouveau de l'économie, s'esquisse en Allemagne un spectaculaire aggiornamento politique et diplomatique. Tétanisée pendant la crise bancaire de 2008, acculée lors de l'épisode grec de 2010, Angela Merkel a longuement réfléchi avec ses équipes, à l'allemande. Elle est désormais convaincue que son pays ne peut plus se passer de l'Europe et de la monnaie unique. Forte de cette conviction, elle propose de nouvelles avancées dans la construction commune, une solidarité accrue et des mécanismes de surveillance et de rapprochement dans des domaines relevant jusqu'à présent de la souveraineté nationale (retraite, fiscalité...). Elle mène le jeu. Tout en tendant la main à Nicolas Sarkozy, qui avait mieux réagi qu'elle pendant la crise.

Mais Angela Merkel ne veut plus l'Europe comme avant. Elle ne s'accroche plus aux Vingt-Sept. Pour aller de l'avant dans la coordination économique, elle est désormais prête à jouer les Dix-Sept de la zone euro - voire la géométrie variable. Et, surtout, elle ne fait plus confiance aux institutions communautaires, privilégiées par les Français. Elle préfère l'action coordonnée des gouvernements, à l'anglo-saxonne. La chancelière allemande tire ainsi froidement les conséquences de l'incapacité de la Commission en général, et de son président en particulier, à s'imposer comme une force d'impulsion, par temps calme comme dans la tempête. S'amorce ainsi la relance d'une Europe très différente de celle que Paris a longtemps rêvée. Les Français ont-ils un autre projet ?

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