Stephen Elop, le nouveau directeur général de l’équipementier finlandais, promet que l’adoption de la plateforme Windows Phone 7 n’est pas une "transition" avant l’abandon des systèmes d’exploitation Symbian et Meego.
C’est ce que le patron du groupe finlandais, Stephen Elop, a appelé une "course à trois chevaux". Windows va pouvoir jouer à armes égales à côté d’Apple et d’Android. Venu à Barcelone les mains vides, puisqu’aucun téléphone n’est encore né de cette union, il s’est livré à un exercice de communication. Certains auraient préféré que Nokia signe avec Google pour doper immédiatement sa part de marché aux Etats-Unis. Symbian, la plateforme de Nokia pour les smartphones, a un gros problème là-bas : les développeurs américains l’ignorent. La part de marché de Nokia aux Etats-Unis n’est que de 4%. Or c’est là que sont les revenus et que se dessinent les tendances de l’Internet mobile. Avant même l’arrivée d’Elop, le groupe a donc mis sur pied avec ATT un centre pour le design de futurs smartphones en Californie. Nokia a aussi étudié l’opportunité d’adopter le système d’exploitation numéro un aux Etats-Unis, Android.
Mais Stephen Elop, qui était encore un cadre dirigeant de Microsoft il y a cinq mois, en a décidé autrement. "Si nous avions conclu un partenariat avec Android, nous aurions créé un duopole. Cela aurait énormément compté pour eux. Mais cela compte tout autant pour Microsoft que nous n’ayions pas signé avec Google", a t-il expliqué hier à Barcelone dans un entretien avec "Les Echos" et d’autres journaux européens. Stephen Elop a insisté sur cet aspect pour faire valoir que Nokia, "courtisée par deux des entreprises technologiques les plus en vue dans le monde", a su négocier une contrepartie.
Comme, par exemple, un gros rabais sur les royalties. En effet, contrairement à Android, Windows Phone 7 est une plateforme payante. La licence est habituellement estimée à une quinzaine d’euros par téléphone. "Nous sommes le plus gros fabricant au monde, on peut espérer que nous ayions négocié un très bon deal", a commenté un Stephen Elop goguenard. Surtout, a-t-il expliqué, Microsoft va verser à Nokia "des milliards de dollars" pour devenir un grand du mobile.
Et il ne s’agit pas seulement de ressources libérées. Certes, les frais de fonctionnement (Opex) vont diminuer. Oui, des développeurs seront licenciés, y compris en Finlande. Mais certains d’entre eux ont d’ores et déjà été reconvertis sur Windows Phone 7 (Nokia ne s’interdit pas de les reclasser chez son partenaire à terme). Et les investissements en développement seront réorientés : "Une grande partie de la valeur va aller vers le marketing, la R&D", a souligné Stephen Elop.
En fait, Nokia s’est également fait payer en espèces sonnantes et trébuchantes pour choisir Microsoft. Stephen Elop n’a pas voulu préciser le montant de l’engagement de son partenaire, ni le nombre d’années. Mais il a salué l’entrée de Nokia sur un tout nouveau marché, celui de la publicité. Microsoft dispose de sa propre régie publicitaire, de son moteur de recherche Bing pour vendre des liens sponsorisés, et de nombreux sites très visités, qui constituent un inventaire appréciable.
Sacrée transformation pour Nokia. D’autant plus que jusqu’à vendredi dernier, seules 200 personnes dans le monde sur 60.000 ont été tenues dans la confidence du choix d’Elop. A présent, il doit expliquer, et rassurer… mais pas trop : "Nous devons faire évoluer la culture. Nous sommes trop lents, tout le monde le sait. Nous devons également être humbles, reconnaître que nous sommes un challenger. Nous avons été arrogants", explique le dirigeant.
Pour autant, insiste-t-il, il ne faut pas interpréter le maintien des systèmes d’exploitation existants de Nokia comme une « transition » synonyme de mort lente. Windows sera la plateforme principale pour les smartphones, et l’objectif d’Elop est de faire redescendre le plus bas possible, vers le milieu de gamme, cette plateforme élitiste. Parallèlement, Symbian continuera d’être amélioré dans l’entrée de gamme, pendant des mois et même "des années", a indiqué la nouvelle patronne des smartphones Jo Harlow. Les deux systèmes convergeront progressivement. Enfin, Meego, fruit d’une alliance conclue avec Intel il y a un an, sera un "système d’exploitation généraliste", en pointe sur les futurs objets connectés. Il est juste surprenant que malgré sa stratégie de développement sur trois pieds, Nokia ait abandonné l’idée d’adapter son outil de développement QT à Windows. Il permettait de simplifier le travail des développeurs et d’unifier tous les systèmes d’exploitation de la maison sous une seule ombrelle. Mais Microsoft a sans doute de bonnes raisons de verser beaucoup d’argent à Nokia.
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