mardi 15 février 2011
Les nouveaux éléphants blancs
Après la pénurie, le trop-plein ? Les projets de stades de football ou de rugby se multiplient en France. Qu'il s'agisse de rénovations lourdes à Paris ou Marseille ou de la construction de nouvelles enceintes à Lille, Nice, Lyon ou Nanterre notamment, on ne les compte plus. A tel point que notre pays, souvent montré du doigt pour son manque d'arènes sportives de qualité, pourrait se retrouver dans peu de temps avec un parc de stadiums et autres arenas aux toits rétractables de premier ordre. Dans la perspective de l'Euro 2016 de football, c'est évidemment une bonne nouvelle.
Mais après ? Comment assurer la viabilité économique de ces grands vaisseaux ? C'est bien là la question à plusieurs centaines de millions d'euros. La construction de telles enceintes représente en effet un investissement considérable. De 3.000 à 6.000 euros par siège en fonction du niveau de prestations choisi. Pour les 25.000 places du tout nouveau stade du Mans, l'addition s'est ainsi élevée à 104 millions d'euros ! Difficile de compter sur la passion sportive des Français. Car, contrairement aux supporters britanniques ou aux « socios » espagnols, ils ne sont pas des spectateurs très assidus. Et comme il n'est plus question de compter sur la générosité publique pour porter à bout de bras des éléphants blancs synonymes de gouffres financiers, l'équation économique peut paraître compliquée à résoudre.
A entendre les promoteurs de ces projets, il s'agit pourtant là d'un combat d'arrière-garde. La rentabilité de ces nouvelles enceintes serait garantie. Car il ne s'agit pas de simples stades mais de projets urbains mêlant complexe immobilier, centre commercial et entreprise de spectacles offrant des manifestations sportives ou culturelles (concerts...). Cette recette a d'ailleurs fait ses preuves en Angleterre, en Allemagne ou aux Etats-Unis, expliquent-ils. L'idée est certes séduisante, mais il ne faudrait pas y voir une martingale. Car ce qui est vrai dans de grandes métropoles capables de drainer un large public ne l'est pas forcément dans des villes de taille moyenne pour lesquelles le poids financier de tels projets, mal calibrés, pourrait rapidement devenir insupportable.
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