TOUT EST DIT

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mardi 15 février 2011

L’autre grand défi

La révolution égyptienne a non seulement « surpris » les États-Unis et mis en évidence les criantes incompétences de l’Europe, elle pose un énorme défi à Israël.

Imaginons une Égypte qui deviendrait vraiment laïque et démocratique. Ou, du moins, qui s’orienterait vers une société « à la turque » avec un avenir économique sous un islam modéré surveillé par une armée jalouse de ses privilèges. Cette Égypte, déjà traditionnellement phare du monde sunnite, ferait vite des émules. Pourquoi pas jusque dans les Territoires palestiniens, en commençant par la Cisjordanie ? Comment se comporterait le gouvernement israélien face aux nouvelles démocraties à ses frontières ? En poursuivant sa politique de colonisation, en continuant à refuser la création d’un État palestinien vraiment viable ? Quelle serait l’attitude de Tsahal si des centaines de milliers de Palestiniens venaient pacifiquement manifester devant le « Mur » et les multiples « checkpoints » ?

Déjà, l’Autorité de Ramallah, après avoir soutenu le régime Moubarak jusqu’à son dernier souffle, a pris un virage à 180 degrés. En organisant, dès cet été, des élections municipales, législatives et présidentielle. En abandonnant officiellement les négociations avec Israël, jusqu’à dissoudre les services concernés. Il est vrai que rien ne peut aboutir sous le gouvernement Nétanyahou resté insensible aux pressions de Washington, notamment sur la politique de colonisation grignotant jour après jour l’espace palestinien.

Pour Israël, ces élections palestiniennes ouvrent une nouvelle porte sur l’inconnu. Ou le « virus » démocratique gagnera. Ou le Hamas l’emportera avec, à la clé, une nouvelle et sanglante intifada très vite encouragée, voire prolongée à la frontière libanaise, par le Hezbollah. Sans oublier la Syrie. Un cauchemar pour Israël !

Ce n’est pas le seul scénario du pire. En Égypte comme en Tunisie l’aspiration à la liberté s’accompagne de revendications sociales légitimes lorsque la moitié de la population (en Égypte) vit avec moins de 1,50 euro par jour. Mais ces remous peuvent mener à d’incontrôlables instabilités que voudront « canaliser » les nostalgiques du panarabisme et les fractions les plus intégristes des « Frères musulmans ». A la « paix froide » du Sinaï (qui, dans le cadre des traités israélo-égyptiens, a permis à l’État hébreu de réduire de moitié ses dépenses militaires) succéderaient de nouvelles et dangereuses tensions. Apparemment, en applaudissant à leur façon la chute de Moubarak « pro-américain et pro-sioniste », l’Iran et ses affidés misent à fond sur cette carte nauséabonde.

Aux Occidentaux, aux Russes et aux Chinois aussi, de réagir rapidement, tant la région est stratégique, politiquement et économiquement (le canal de Suez reste une artère vitale). Aux Américains d’affirmer leur leadership, y compris face à Israël. Et aux Européens de comprendre que certaines aides sont plus urgentes que la création d’un dispendieux et inutile « service diplomatique » de l’UE. Il y va de la paix.


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