TOUT EST DIT

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mardi 15 février 2011

L'homme fort de l'euro

Les erreurs ne deviennent pas des vérités par la seule force de la répétition : non, la deuxième économie mondiale n'est ni le Japon déchu ni la Chine nominée depuis hier. C'est la zone euro et les seize pays la composant qui occupent cette place derrière les Etats-Unis. Pourquoi cette réalité pourtant assise sur une histoire commune et une monnaie unique a-t-elle tant de mal à être vue et reconnue ? Pour une raison simple. L'Europe n'a ni numéro de téléphone, selon la formule consacrée, ni visage clairement identifié. Pour que ce triste état de fait change, on ne peut guère compter, hélas, sur le versatile José Manuel Barroso (1) et le transparent Herman Van Rompuy (2). Un homme, en revanche, incarne désormais chaque jour de mieux en mieux aux yeux de l'extérieur -responsables politiques et économiques, marchés -le credo de l'euro. Cet homme, c'est Jean-Claude Trichet. Le patron de la Banque centrale européenne a donné la visibilité nécessaire et la crédibilité indispensable à la seule institution fédérale du Vieux Continent. Souvent moqué au début de son mandat pour sa défense acharnée de la stabilité des prix, il est aujourd'hui respecté, à Francfort, New York ou Tokyo. Son pragmatisme pendant la crise a enfin fait ses preuves.

C'est la raison pour laquelle le processus qui doit conduire à sa succession à l'automne doit être un sans-faute. Les Européens n'auront pas le droit à l'erreur pour le choix du nouveau président, le troisième de cette encore jeune banque centrale. Or, c'est mal parti. Pas tant à cause du coup de théâtre que représente le retrait surprise d'Axel Weber, le candidat de Berlin, que du désarroi dans lequel il a plongé les dirigeants européens. En passant, on notera que si la rumeur de son passage de la Buba à la Deutsche Bank était fondée, elle renverrait à leur juste proportion nos débats sur les conflits d'intérêts ! Quoi qu'il en soit, c'est peu dire que l'Allemagne ne sort pas en bonne posture de cette décision qui a pris au dépourvu la chancelière Angela Merkel elle-même. De son côté, Paris peut bien sûr se réjouir secrètement de cet embarras germain qui rouJvre le jeu, et rêver d'installer un autre Français. Mais à quelques mois de l'échéance, il est troublant de constater qu'aucune figure ne se dégage vraiment, qu'il s'agisse d'un autre Allemand, de l'Italien Mario Draghi ou d'un représentant d'un pays tiers. Si un interstice juridique le permettait, Jean-Claude Trichet serait prolongé. Faute de quoi, le couple franco-allemand, moteur dans cette affaire, ne doit avoir qu'une priorité : éviter d'offrir le spectacle de la cacophonie et de l'hésitation.

(1) Président de la Commission européenne.(2) Président du Conseil européen.

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