Selon une étude publiée aujourd’hui, jusqu’à 25 % des femmes enceintes continuent de consommer de l’alcool, malgré les risques qu’elles font courir à leur enfant.
Trois ans tout rond que le pictogramme est arrivé sur les bouteilles d’alcool. Une silhouette de femme enceinte un verre à la main, barrée de rouge. Mais le message « zéro alcool pendant la grossesse », lui, n’est pas passé dans les mœurs. Et une évaluation récente menée dans plusieurs maternités révèle que 17 à 25% des Françaises continuent à boire régulièrement lorsqu’elles sont enceintes (1 verre de temps en temps), dont 6% en excès (2 verres ou plus dans la même journée).
Un constat alarmant qui sera dressé ce matin par le professeur Mickaël Naassila, spécialiste des effets de l’alcool sur le cerveau de l’enfant, lors d’un colloque de l’Inserm (Institut national de la santé et la recherche médicale) aujourd’hui à Paris. Un bébé français sur cent exposé à l’alcool
C’est l’estimation unanime des experts : un bébé français sur cent est exposé à l’alcool, même si les dégâts peuvent passer inaperçus à la naissance. Tous les bébés n’ont pas le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF), qui reste la première cause de retard mental en France et concerne 1 à 3 naissances pour 1000, avec des bébés au visage particulier (face plate, nez court, oreilles basses, lèvre supérieure très fine, yeux un peu bridés…) avec des déficiences mentales, voire des malformations cardiaques, rénales, etc. Enormément d’enfants ont des séquelles de l’alcool beaucoup plus discrètes.
Les enfants hyperactifs, victimes invisibles de l’alcool
« De nombreux enfants chez qui on détecte, à l’âge scolaire, des problèmes d’hyperactivité, de déficits d’attention, de troubles du comportement sont en fait des enfants dont la mère a consommé de l’alcool enceinte, explique le professeur Naassila. C’est d’autant plus délicat que le problème ne se voit pas à la naissance. »
Les médecins ont mis un nom sur ces troubles des bébés qui trinquent : l’Etcaf (ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale).
Un gigantesque tabou
« Les pictogrammes, c’est bien. Mais le vrai problème, c’est que l’alcool est un sujet complètement tabou en France, se désole le chercheur. Les gynécologues n’abordent pas assez le sujet avec leurs patientes. Il faut mieux les former à repérer la consommation d’alcool chez les futures mères. » Selon le docteur Jean-Pierre Chabrolle, pédiatre à l’hôpital du Havre et spécialiste du SAF, « les risques de l’alcool sont mal connus des obstétriciens. Les sages-femmes semblent un peu plus sensibilisées ».
Un seul verre suffit
« Un seul verre fait courir un risque au bébé, explique le docteur Chabrolle, car l’alcool est un toxique tératogène, pouvant provoquer des malformations. » Il ajoute que « le cerveau du fœtus est l’organe le plus sensible à l’alcool, car il se développe pendant neuf mois, alors que les autres organes se forment au premier trimestre. »
Les experts martèlent qu’il n’y a pas de seuil de dangerosité. Impossible donc de dire qu’un petit verre ne fera pas de mal au bébé… « Mais ce qui est sûr, c’est qu’une ivresse, même une seule, peut avoir des conséquences dramatiques », affirme le docteur Chabrolle.
Seules 6% des femmes conscientes des risques
Une enquête publiée en 2009 dans la revue « Alcoologie et addictologie » montre que seules 6 % des femmes seraient conscientes des risques de l’alcool sur leur bébé. Une ignorance qui n’étonne guère le professeur Naassila : « En menant des actions de prévention, je rencontre de nombreuses collégiennes ou apprenties qui ignorent totalement qu’alcool et grossesse ne font pas bon ménage. »
1 commentaires:
Bonjour,
Je m’appelle Julien et je travaille pour l’association Entreprise & Prévention dont l’objectif est de sensibiliser au risque alcool.
Il est vrai que nous avons encore du mal à savoir si le message de « zéro alcool pendant la grossesse » passe bien auprès de toutes les femmes. Cette étude prouve donc que malgré les campagnes menées par les associations comme la notre, il reste beaucoup à faire.
Il faut avant tout sensibiliser les médecins pour qu’ils transmettent ensuite le message aux femmes. C’est ce que nous avons fait lors de notre campagne au Havre en 2006 et que nous avons étendu à toute la France avec le concours du Collège National de Gynécologues et Obstétriciens Français en 2008.
Du chemin reste encore à parcourir selon ces résultats et je ne peux que conseiller l’abstinence aux femmes pendant leur grossesse. Elles peuvent aussi si elles le souhaitent consulter l’onglet Alcool et Grossesse du site http://www.preventionalcool.com/ ou encore http://www.2340.fr/. Les femmes désireuses de se renseigner pourront y trouver des informations utiles sur le risque alcool pendant la grossesse.
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas relâcher les efforts et continuer à communiquer auprès des professionnels et des femmes!
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