mercredi 8 décembre 2010
Les marchés contre l'euro
Jean-Claude Trichet est sorti de ses gonds pour dénoncer les marchés financiers, qui boudent les emprunts européens, imposent à certains pays de l'eurogroupe des taux prohibitifs, développent leurs doutes sur une cohésion durable de la zone euro. Et il évoque non sans raison « les difficultés des opérateurs à comprendre les mécanismes en Europe », comme « leur sous-estimation flagrante de la détermination des gouvernements » à maintenir la solvabilité des pays membres. Les récentes décisions de soutien à la Grèce et à l'Irlande la manifestent, en effet. De leur côté et dans leur logique, les marchés expriment une fois de plus leur sacro-sainte « aversion au risque », selon laquelle tout ce qui n'est pas certain est certainement douteux. A en juger par leurs débordements passés, ils reprochent aux autres les inconséquences dont ils ont fait preuve eux-mêmes.
Cela se comprend quand on connaît leur système de valeurs. Les opérateurs raisonnent d'instant en instant, au risque de confondre liquidité et solvabilité ; ils sont culturellement réticents à la pérennité des volontés politiques et, d'ailleurs, n'ont jamais vraiment cru à celle de l'euro. Ils sous-estiment surtout le ciment ultime qui soude ensemble les pays de la zone : la conscience que tout le reste serait pire. Si un pays venait à en sortir, en effet, il connaîtrait la séquence fatale : dévaluation sévère, renchérissement des importations (dont le pétrole) et de la dette, inflation, hausses des prix et des salaires, perte supplémentaire de compétitivité d'où repli protectionniste, d'où récession et appauvrissement général.
L'euro, donc, subsistera. Et les marchés continueront de s'en défier. Ils contribueront ce faisant à affaiblir sa valeur qui est encore, malgré sa glissade récente, de 10 % au-dessus de sa valeur originelle (1,18 dollar) et, selon certains, de sa valeur intrinsèque. On se demande si, au total, ils ne font pas tout simplement leur métier.
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