Le pire n'est jamais sûr. Voir l'Etat s'immiscer dans les alcôves de l'économie, là où fournisseurs et donneurs d'ordre sont censés négocier comme des grands, n'était pas forcément de bon augure. Mais, à l'heure des bilans de fin d'année, c'est sur une note positive que s'établit celui du médiateur de la sous-traitance, nommé en avril dernier. Avec plusieurs dizaines de dossiers traités, des interventions bénéficiant parfois à des secteurs entiers, il fait taire les Cassandre qui, au printemps, au mouvement Ethic ou au Medef par exemple, ne cachaient pas leur scepticisme, voire leur agacement, face à ce qui était parfois vu comme un énième « machin » venant compliquer la vie des entreprises. Au lieu de quoi, cet inattendu enfant de la crise pourrait s'avérer l'une des meilleures choses qui soient arrivées depuis longtemps à la politique industrielle française en général et à la communauté PME en particulier.
Dans ce genre d'heureuse surprise, pour ne pas parler de petit miracle, la dimension humaine a toujours son importance. En désignant Jean-Claude Volot comme premier titulaire du poste, le gouvernement a placé aux commandes un entrepreneur d'expérience -à l'origine de la croissance du groupe Dedienne, puis président de l'Agence pour la création d'entreprise -, pour qui l'économie se joue à hauteur d'homme. Cela explique sans doute pour une part les choix stratégiques dont on récolte désormais les fruits. La médiation de la sous-traitance a en effet su éviter deux écueils traditionnels en France. L'inflation législative tout d'abord : au contraire, chargé par Christian Estrosi d'un audit sur la loi de 1975 encadrant les relations entre donneurs d'ordre et fournisseurs, Jean-Claude Volot avait préconisé début septembre de ne pas réformer le texte, mais de se concentrer d'abord sur le rétablissement de bonnes pratiques. Les discussions atomisées ensuite : pour y échapper, les équipes nationales du médiateur et leurs antennes en région ont pour priorité de réunir autour de la même table les acteurs d'un dossier, elles accueillent positivement les recours collectifs, plus faciles à assumer pour les petites entreprises, apprécient de raisonner par filière, souvent la meilleure échelle pour agir, notamment dans l'industrie. Après le crédit, la sous-traitance : autour de cette fonction de médiation, c'est bien un nouvel espace de légitimité pour l'action publique qui est en train de se créer.
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