Le constat d'un système scolaire en échec est d'une triste banalité et y remédier devrait être une priorité nationale, l'emportant radicalement sur toutes les autres.
Que l'on cherche à se rassurer en relevant, dans un flot de statistiques savantes, que la France n'est pas si mal classée, qu'elle figure même encore - et heureusement ! -dans le premier tiers des pays développés, n'est que mauvais camouflage d'un résultat médiocre. Que l'on cherche à gommer la gravité du diagnostic, en arguant que l'école et le corps enseignant n'en sont pas les uniques responsables, ne change rien non plus à l'affaire. Nul ne peut nier que la contestation de l'autorité des enseignants, la dégradation spectaculaire de la discipline dans les salles de classe - la France, selon l'OCDE, est l'un des pays où le problème se pose de la manière la plus aiguë - ou la montée de diverses formes de violences verbales et physiques ne soient, aussi, les reflets des tourments de la société. Et ce n'est pas au système scolaire - « scholè » signifie « loisir » en grec… -de faire la guerre, seul, à tous ces maux.
Le véritable échec de l'école est ailleurs. Il se situe au coeur de sa mission première de transmission du savoir et du plaisir d'apprendre. Or la vérité est que l'école permet de moins en moins d'échapper à sa condition, pas plus qu'elle ne promeut le mérite. La France se caractérise par un nombre croissant d'élèves qui décrochent, par une progression des inégalités à rebours de l'idéal républicain et, au bout du compte, par un niveau moyen qui s'affaisse lentement, tandis que l'Asie, de Shanghai à Séoul ou Singapour, prend la tête de la compétition mondiale de l'éducation, mère de toutes les batailles pour tout pays désireux de tenir son rang.
Si, en miroir des autres pays développés, les performances de notre système éducatif ne déclinent que doucement au lieu de s'effondrer, c'est d'abord parce qu'une élite, représentant environ un élève sur dix, hisse la moyenne. En revanche, un élève sur cinq se trouve en grande difficulté à 15 ans, incapable de maîtriser convenablement la langue, et cette proportion s'accroît. Derrière l'idéal de la « réussite pour tous », notre système scolaire creuse les inégalités sociales et d'origine, à la différence d'autres pays, comme le Canada, et ne contribue pas à faciliter l'intégration. Un sursaut est nécessaire, autant pour la cohésion sociale du pays que pour préserver notre destin économique. Sur ce terrain aussi, la concurrence est redoutable et mondiale.
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