TOUT EST DIT

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lundi 29 novembre 2010

Vox populi

C’est aller un peu vite en besogne que de taxer nos voisins suisses de « xénophobie » et de « racisme ». D’abord, cela revient à appliquer à son jugement cette généralisation qui, précisément, est une marque des haines citées plus haut. À tout prendre, ces vertueuses critiques ne pourraient s’appliquer qu’à un peu plus de la moitié du peuple helvète, qui n’est donc pas à jeter en bloc. Ensuite, un pays dont plus d’un habitant sur quatre est un étranger — le taux le plus élevé en Europe — peut tout de même se prévaloir d’une attractivité certaine sur les migrants, et d’une capacité d’accueil indéniable à leur égard. Certes, l’hospitalité de la Confédération est peut-être plus douce aux médecins, ingénieurs, chercheurs, ou même financiers venus d’autres coins de la sphère terrestre, qu’aux métiers plus prolétaires, dont ceux qui les exercent sont aujourd’hui plus mobiles ; mais ces préférences ne sont pas l’apanage de la Suisse.

En revanche, l’Helvétie a une culture rare de la démocratie directe. Vox populi, vox Rütli. Les fameux « référendums d’initiative populaire », rêve récurrent de certaines forces politiques en France, donnent du piment à plusieurs dimanches par an. Si les Français avaient été consultés de la même façon, aurait-on mis sa main au feu pour l’abolition de la peine de mort ou l’adoption de l’euro ? Auraient-ils autorisé la libre construction de minarets ? Dans l’Hexagone, il faut bien dire que nous préférons la culture des sondages d’opinion, qui peuvent semer la panique dans le landerneau des décideurs et de leur valetaille, mais qui n’engagent à rien.

Georges Pompidou aurait dit de Valéry Giscard d’Estaing : « Son problème, c’est le peuple. » Ironiquement, la démocratie elle-même peut donc avoir le même, quand l’électorat souverain approuve des principes qui contredisent ceux de l’État de droit, tels l’amalgame entre crimes et délits, ou l’automatisme des sanctions, sans recours légal ou décision judiciaire.

Parce que les peuples peuvent se tromper, les élites ont de beaux jours devant elles. Quitte à ne pas être toujours clairvoyantes ou courageuses, elles ont au moins le sens du politiquement correc

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