Après l'hyper-sommet climatique de Copenhague, il y a un an, qu'attendre de celui de Cancún, qui s'ouvre aujourd'hui ? Copenhague promettait la lune. Le réchauffement de la planète allait être jugulé. Les grands pays riches et pollueurs voleraient au secours des plus menacés. Les États-Unis et la Chine se donneraient la main. L'Europe, exemplaire, scellerait ce nouvel élan.
Le soufflé est retombé. Le « Yalta » du climat a accouché d'un accord politique de façade, chiffon de papier sans valeur juridique. Après un tel fiasco, les ambitions de la nouvelle conférence climatique sont modestes. Pas de défilé des grands de la planète. On va seulement tenter d'y réparer les pots cassés.
Plus personne ne mise sur un traité climatique en bonne et due forme qui succéderait, en 2012, à celui de Kyoto. Ce traité que ratifieraient cette fois les pays les plus pollueurs - États-Unis, Chine et grands pays émergents - ne verra le jour ni au Mexique ni l'année suivante en Afrique du Sud. Car c'est le système de négociation des Nations unies, entre 192 pays, qui doit d'abord être sauvé. Il survit, mais a-t-il encore toute sa tête ?
L'Onu est sur la défensive. La méthode suivie, celle de la recherche d'un accord global sur le climat, est contestée. Qui veut d'une véritable gouvernance mondiale climatique, alors que les pays se replient sur leurs égoïsmes nationaux, leurs intérêts économiques de court terme, leurs échéances politiques immédiates ? Crises bancaires, crises économiques, guerre des monnaies, redistribution des rôles sur la scène mondiale : les pays s'arc-boutent plus que jamais sur leur souveraineté nationale.
Sur l'agenda international, le climat est relégué au second plan. L'allant, l'argent, et la vision politique manquent cruellement pour mener à bien cette négociation sur l'après-Kyoto. L'allant, on l'espérait du côté de l'Amérique de Barack Obama. Il a échoué à faire adopter sa loi sur le climat. La « raclée » subie lors des élections de mi-mandat l'entrave face à ses opposants républicains plus climato-sceptiques que jamais. Quant à la Chine, devenue le premier pays pollueur, elle refuse un système de contrôle international des émissions de gaz à effet de serre.
L'argent fait défaut. Cent milliards de dollars sont nécessaires d'ici à 2020 pour alimenter le « fonds vert » d'aide aux pays pauvres, les plus menacés par le réchauffement. Où les trouver ? Trois pistes de financement seront explorées à Cancún. Trois taxes. Sur les transactions financières, sur les transports aériens et maritimes, sur le carbone. Et de l'argent, il en faut encore pour sauver la forêt mondiale d'une mise en coupe réglée dévastatrice.
Sans les États-Unis, sans la Chine, rien n'est possible. Quant à l'Europe, après l'échec de Copenhague, elle semble avoir égaré sa boussole climatique. Obnubilée par l'avenir de l'euro et les conséquences des crises financières grecque et irlandaise, elle est devenue climato-frileuse. Le processus onusien marche donc sur un fil, en équilibre instable. Aujourd'hui, il s'agit de le sauver d'une chute irrémédiable, d'une fuite dans le chacun-pour-soi. Réapprendre à marcher à petits pas : c'est ce qu'il peut arriver de mieux à la diplomatie verte sous le soleil mexicain.
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