lundi 29 novembre 2010
Haines de droite,
calculs de gauche
La violence des règlements de comptes Villepin-Sarkozy (Clearstream, Karachi…) évoque naturellement d'autres haines d'antan (les gaullistes-Pompidou, Giscard-Chirac, Chirac-Balladur…). Certains en concluent un peu vite que la droite incarnerait la haine, manière d'imputer à un camp le monopole des vices, à l'autre celui de la vertu. La raison suggère que non. Et une analyse, forcément succincte, peut expliquer leurs différences dans l'expression des rivalités.
D'abord, la posture et, si l'on peut dire, le décor des acteurs : à gauche, il est de bon ton de jouer à la tribune la camaraderie avec l'assistance ; à droite, il s'agit plutôt, sur scène, d'entraîner l'enthousiasme du public. L'orateur y ambitionne ici un statut de chef, là celui d'un délégué. Du côté gauche, le culte de l'assemblée ; du côté droit, la recherche de l'élan. D'où, à gauche, le tic du compromis, l'éternelle « synthèse » qui interdit de se fâcher ; et à droite, le réflexe de l'autorité, qui supporte mal la contradiction. A droite, l'expression, plus libre de doctrine, peut libérer les humeurs. A gauche, la tradition doctrinale du parti impose le masque du calcul.
Car le parti et sa vulgate constituent à gauche le cadre obligé de l'expression publique. Sa fonction de représentation de classe se conjugue au cri de « ce qui est à eux [les riches] est à nous ! ». Alors qu'à droite, la sociologie de l'électorat inspirerait plutôt le « ce qui est à moi est à moi ! ». L'ennemi peut donc y être taxé d'usurpateur ; tandis qu'à gauche, il court le risque d'être traité de renégat, d'où la nécessité de composer avec les mots sous peine de mort politique. Car sans parti, point de pouvoir. A droite au contraire, si le pouvoir reste une fin, le parti n'est qu'un moyen. La course y est plus franche, au besoin plus violente. Les misanthropes n'y verront que la différence entre le cynisme et l'hypocrisie.
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