TOUT EST DIT

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mardi 23 novembre 2010

Les compteurs à zéro

Le gouvernement a gagné la bataille des retraites. Celle-là, du moins. Prévue en sourdine, ou presque, la journée d'action de ce mardi ne fera qu'accompagner discrètement le corbillard de la grande mobilisation sociale de la rentrée.
L'intersyndicale, de toutes façons, ne se faisait guère d'illusions sur la survie d'un mouvement usé par la résistance d'un pouvoir resté sourd aux cris des défilés et indifférent à leurs injonctions d'abandon de la réforme. Cette fois, la rue n'a pas réussi à imposer sa volonté à l'Élysée. Et cette réalité risque de modifier profondément, à l'avenir, la logique du rapport de forces qui oppose généralement les protagonistes des conflits sociaux à la française.
La vieille mécanique, qui depuis la Seconde Guerre mondiale se met invariablement en marche pour tenter de bloquer les grandes réformes, s'est bien mise en branle, mais sans atteindre pour autant son objectif final... La CGT et la CFDT, qui l'admettent presque ouvertement, en sont réduites à sauver la face en espérant que des escarmouches d'arrière-garde viendront, plus tard, contrarier la mise en place de la loi désormais votée par le Parlement. Il ne reste plus qu'à entretenir la flamme...
De leur côté, les Français semblent avoir décidé de tourner la page. Les enquêtes d'opinion montrent que l'idée du report de l'âge légal du départ à la retraite a fait son chemin dans les esprits, lentement mais sûrement. Sur un air de résignation mais faute aussi d'avoir été séduite par une autre musique plus convaincante. L'opposition, PS en tête, a échoué, en effet, à vendre un projet de rechange crédible et, en dépit des divisions post-remaniement, le bloc de droite est plutôt en moins mauvais état qu'il ne l'était avant le début de la séquence contestation. Il reste bien la question des salaires, de l'emploi et des conditions de travail, mais - aussi étrange que cela puisse paraître - le pays a pour le moment la tête ailleurs. Le fracas inattendu de l'affaire Karachi n'en finit pas de recouvrir les premiers chuchotements d'un dialogue social interrompu par le cycle des grèves et des affrontements.
Pour la première fois depuis longtemps, le président de la République peut espérer une éclaircie dans le ciel plombé de novembre. En ouvrant les chantiers de la dépendance et d'une fiscalité « juste », il veut profiter de ce répit pour déployer une stratégie d'audace, là où tous ses prédécesseurs auraient préféré la traditionnelle prudence des fins de mandat. Puisqu'il était devenu incontournable, François Fillon sera la caution rassurante de ce choix risqué qui veut prolonger le roman turbulent de ce quinquennat.


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