TOUT EST DIT

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mardi 23 novembre 2010

La piste d'un chantage évoquée à l'Assemblée au sujet de Karachi

Deux députés socialistes ont évoqué mardi à l'Assemblée nationale la piste d'un chantage exercé en 2006 sur Nicolas Sarkozy par un des acteurs de l'affaire des ventes de sous-marins au Pakistan en 1994.
Cette vente avait donné lieu au versement de commissions suspectes, interrompu après l'élection de Jacques Chirac en 1995. Un lien est soupçonné avec un attentat en 2002 au Pakistan où ont péri 11 Français travaillant sur les sous-marins pour le compte de la Direction des constructions navales (DCN).
Deux sociétés, Heine et Eurolux, avaient été créées au Luxembourg en 1994 pour recevoir certains des paiements, avec l'aval du Premier ministre de l'époque, Edouard Balladur, et de son ministre du Budget, Nicolas Sarkozy, selon un rapport de la police luxembourgeoise.
Une fois élu à l'Elysée, Jacques Chirac a mis fin aux paiements de commissions transitant par ces circuits.
Le député PS de la Manche Bernard Cazeneuve a évoqué à l'Assemblée, lors des questions d'actualité, des éléments de l'enquête judiciaire qui montrent que Jean-Marie Boivin, ancien administrateur de Heine, a sollicité en 2006 et 2007 plusieurs ministres du gouvernement de l'époque, dont Nicolas Sarkozy.
Selon des dirigeants de la DCN interrogés chez les juges, il demandait un dédommagement pour ses anciennes activités.
Plusieurs médias disent qu'il a eu satisfaction en 2009, avec un versement de huit millions d'euros de fonds publics de l'Etat français, dans le cadre d'un accord passé sur le paradis fiscal de l'Ile de Man, sous l'égide du ministère de la Défense.
Les familles de victimes estiment que c'est le fruit d'un chantage fructueux au silence, avant l'élection présidentielle de 2007, et ont déposé plainte pour "extorsion de fonds".
"Cette transaction a-t-elle eu lieu ? Si huit millions d'euros ont été versés à M. Boivin, quel était le motif de cette indemnisation ?", a demandé Bernard Cazeneuve.
Le nouveau ministre de la Justice, Michel Mercier, a d'abord répondu: "Les magistrats instructeurs instruisent ces dossiers librement. le gouvernement veillera à leur fournir l'ensemble des informations qui sont en sa possession".
Un autre député socialiste a alors répété la question et le ministre de la Défense, Alain Juppé, a cette fois répondu.
"Vous comprendrez bien que, n'ayant pas été en fonction en 2009 et ne connaissant pas votre question, je n'ai pas dans l'immédiat les éléments de réponse à vous donner", a-t-il dit. "Je le ferai dès que j'en disposerai", a ajouté Alain Juppé.
Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Balladur, il était lors de la présidentielle de 1995 dans le camp de Jacques Chirac, qui le nomma Premier ministre après son élection à l'Elysée.

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