TOUT EST DIT

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mardi 23 novembre 2010

L'Irlande et le mal du siècle

Après la Grèce, l'Irlande menace de déstabiliser la zone euro. Sa récession est confirmée, son chômage atteint 15 % de la population active et son déficit public 32 % du PIB, près de onze fois le seuil recommandé par Maastricht. Dans le branle-bas qui s'ensuit, les ministres des Finances de la zone euro ont décidé une assistance collective au pays menacé ; le Royaume-Uni (qui n'y est pas tenu, car non membre de la zone) annonce qu'il va intervenir en soutien de son voisin. De Washington, le secrétaire au Trésor adjure les Européens d'agir « très très vite ». Le bon apôtre. Car l'affaiblissement de l'euro met à mal sa politique inavouée du dollar faible. Mais comment, du « miracle irlandais » d'hier, est-on passé au cauchemar d'aujourd'hui ?


Par un enchaînement très simple et maintenant bien connu de ce siècle : la charge, successive ou concomitante, de ces trois cavaliers de l'Apocalypse que sont le paradis fiscal, le système bancaire et l'immobilier. L'Irlande a en effet commencé par adopter un taux symbolique d'impôt sur les sociétés, appâtant les capitaux. Ajoutés aux aides communautaires, ils ont déclenché une euphorie dont les banques ont profité pour inciter les ménages au surendettement immobilier. Là-dessus, la crise financière américaine a ruiné le système bancaire, dont le sauvetage public a ruiné l'Etat. Au bout de la chaîne, un peu comme aux Etats-Unis, on retrouve les ménages, à la fois contribuables et endettés.


La leçon de l'aventure est tellement élémentaire qu'on est presque gêné de la redire : les séductions financières, fiscales et bancaires sont comme ces excitants qui donnent bonne mine, mais dont les effets secondaires sont dévastateurs ; sans un tissu solide d'économie réelle, ces succès nominaux font au contraire les bulles qui l'empêchent d'éclore. A la différence de la peste du fabuliste, ce mal-là ne répand pas tout de suite la terreur, mais emprunte les attraits trompeurs de l'euphorie. Et le ciel n'y est pour rien.

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