TOUT EST DIT

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mardi 23 novembre 2010

Convulsions


Après avoir proclamé pendant des semaines qu’elle n’aurait pas besoin d’aide internationale pour éviter la faillite, l’Irlande a fini par reconnaître qu’elle ne s’en tirerait pas seule. L’Union européenne et le Fonds monétaire international vont lui avancer jusqu’à 90 milliards d’euros. La Grèce avait, pareillement, juré qu’elle ne ferait pas appel à la solidarité de ses pairs, avant de réclamer, au printemps dernier, 110 milliards. Et voici le Premier ministre portugais qui proclame, à son tour, que son pays n’a « besoin d’aucune aide »… Devinez la suite ! L’Europe n’a pas fini de renflouer ses États les plus fragiles, en échange de leur mise sous tutelle budgétaire.


Ces « aides » — chèrement payées par ceux qui les versent et par ceux qui les touchent —, loin de régler définitivement la crise financière, provoquent des effets secondaires violents. Le FMI préconise de soigner le mal par le mal. Son directeur, Dominique Strauss-Kahn, s’est présenté en « régulateur » de « gauche » après le G20, afin de rester dans la course à l’investiture socialiste pour 2012. Mais à Washington, il applique, sans y changer un iota, les vieilles recettes de la saignée enseignées par Wall Street, recettes qui ont déjà fait haïr le FMI en Argentine dans les années quatre-vingt-dix. En Irlande, le gouvernement a promis de réduire les allocations familiales et le Smic, mais il ne touchera pas à la taxation des entreprises. C’est immoral et inefficace pour sauver l’euro, puisque la concurrence déloyale va continuer de plus belle entre ceux qui utilisent la monnaie unique : en France, les sociétés sont imposées à 33 %, en Irlande, elles le sont à 12,5 %.


Le patron des syndicats européens n’a pas tort quand il dénonce une « punition » infligée au peuple irlandais. Les aides vont aux banques, qui ont plongé le pays dans la catastrophe, les sacrifices sont demandés aux habitants. L’exemple grec a déjà montré les limites de cette stratégie : le déficit ne baisse pas – il vient d’être revu à la hausse par Athènes – et l’agitation sociale fait craindre, à tout instant, des dérapages. Cette agitation s’est emparée hier de l’Irlande, où elle n’a pas tardé à se traduire, sur le plan politique, par l’annonce de la prochaine dissolution du Parlement. La question est posée : le sauvetage de l’euro doit-il passer par des convulsions incontrôlables dans les pays qui ne peuvent pas en supporter le poids ?

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