TOUT EST DIT

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mardi 23 novembre 2010

Après la Grèce et l'Irlande, à qui le tour?

Près de douze ans après sa création, la zone euro doit gérer avec l'Irlande sa deuxième crise aiguë en six mois. Après le sauvetage de la Grèce au printemps, c'est aujourd'hui à Dublin que l'UE, en partenariat avec le FMI, va prêter de l'argent. Alors qu'il avait fallu près de six mois aux pays européens pour se mettre d'accord sur un prêt de 110 milliards d'euros à la Grèce, le plan d'aide à l'Irlande aura été décidé en moins de deux semaines. Car il y a urgence: la menace de contagion de cette crise de la dette publique à d'autres pays de la zone euro est belle et bien réelle.

Le Portugal en première ligne
Le Portugal, autre maillon faible de la zone euro, est la nouvelle proie des marchés financiers. Ses taux longs frôlent aujourd'hui les 7%. On comprend mieux pourquoi les autorités portugaises ont fait pression sur Dublin pour demander l'aide financière de l'UE et du FMI. La décision d'aider l'Irlande, qui n'a pas besoin de se refinancer sur les marchés avant l'été 2011, a en effet pour objectif d'éviter un effet de contagion au Portugal. L'aide à l'Irlande devrait, à court terme, apaiser les marchés. Mais elle ne devrait pas les empêcher, à moyen terme, de contraindre le Portugal à réclamer à son tour une assistance financière. Si le Portugal a garanti ses besoins de financement pour 2010, la situation risque en effet de se compliquer très fortement en 2011, avec l'arrivée à échéance de 25,6 milliards d'euros de dettes. "Les inquiétudes sur les finances publiques portugaises et sur la capacité de rebond de son économie sont réelles, explique Thibault Mercier, économiste chez BNP Paribas. Plombé par une croissance atone depuis de nombreuses années, en raison d'un manque structurel de compétitivité, le Portugal accuse une dette publique de 161 milliards d'euros, soit plus de 82% du PIB, qu'il s'est montré jusqu'ici incapable de réduire. Dans ce contexte, le Parlement portugais s'apprête à voter un budget d'une austérité sans précédent, cumulant baisse des salaires et hausse d'impôts pour ramener le déficit de 7,3% du PIB à 4,6%. Mais ces mesures risquent de tuer dans l'oeuf la fragile reprise du pays, qui devrait replonger en récession l'an prochain. De quoi nourrir l'inquiétude des marchés.
L'Espagne dans le viseur
C'est la vraie crainte des pays européens : que la pression des marchés financiers, par effet de contagion, ne s'abatte sur l'Espagne. Car si le Fonds de stabilisation européen, avec ses 440 milliards d'euros, a les moyens de secourir la Grèce, l'Irlande et le Portugal, il ne pourrait en revanche pas subvenir aux besoins de financement de l'Espagne, estimés à plus de 200 milliards d'euros pour les deux prochaines années. Si l'Espagne ne parvient plus à se financer sur les marchés, en raison d'une hausse des taux d'intérêt de sa dette, alors la zone euro pourrait éclater. "Ces craintes d'un risque systémique lié à l'Espagne sont totalement irrationnelles, estime Thibault Mercier. Les niveaux d'endettement et de déficit espagnols sont tout à fait soutenables." Les mesures mises en place par le gouvernement socialiste espagnol devraient en effet permettre d'augmenter les recettes fiscales et de réduire les dépenses budgétaires en 2011. La réforme du marché du travail, qui introduit une plus grande flexibilité, devrait aussi à terme faire baisser le chômage. Mais les marchés sont loin d'être rationnels et leurs comportements sont tout autant auto-réalisateurs qu'autodestructeurs.
L'Italie sous surveillance
La dette publique italienne est l'une des plus élevées du monde : elle frôle les 1 860 milliards d'euros et devrait atteindre 118,5% du PIB à la fin de l'année et continuer de gonfler en 2011, à 119% du PIB. L'Italie devra rembourser entre 76 et 84 milliards d'euros au titre des intérêts d'emprunt l'an prochain. Et la reprise transalpine est loin d'être vigoureuse - 1% en 2010 et 1,3% en 2011 selon l'OCDE. De quoi inquiéter les marchés ? Pas vraiment, la dette souveraine italienne reste pour le moment à l'abri de la contagion irlandaise. Les taux auxquels l'Italie emprunte sur les marchés restent stables autour de 4%. Mais la grave crise politique que traverse le pays, en raison des frasques de Silvio Berlusconi, est de nature à inquiéter les marchés. Le budget 2011, qui prévoit une cure d'austérité de 25 milliards d'euros pour ramener le déficit public à 3,9% du PIB en 2011 et 2,7% en 2012, a été voté par les députés grâce au soutien des partisans de Gianfranco Fini. L'adoption définitive de ce budget est prévue au Sénat d'ici le 10 décembre. Ce pourrait bien être le dernier du Cavaliere qui, après la dissidence de Fini, ne dispose plus de la majorité à la Chambre des députés. La survie du gouvernement Berlusconi se jouera le 14 décembre, lors de deux votes -l'un de confiance, l'autre de censure - devant le Parlement.
 Et la France ?
N'en déplaise à Christine Lagarde et François Baroin, la France n'est pas à l'abri d'une attaque des marchés. C'est en tout cas ce qu'affirme l'économiste américain Nouriel Roubini. Le "Dr catastrophe" estime que les finances publiques françaises n'étaient pas "en bien meilleur état" que celles de la Grèce et de l'Irlande. Pourtant, jusqu'à présent, la France bénéficie toujours de la meilleur note souveraine possible - l'envié triple A. Une dégradation est-elle possible ? "Au regard de l'état des comptes publics de la France, l'éventualité d'une baisse est envisageable. La seule raison pour laquelle les agences n'ont pas encore revu leur jugement sur la capacité de la France à honorer sa dette réside dans le fait qu'elle a toujours honoré ses engagements", explique l'économiste Christian Saint-Etienne dans La Tribune de lundi. Le risque d'une contagion de la crise de la dette des PIGS (Portugal, Irlande, Grèce et Espagne) semble néanmoins peu probable.

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