TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 24 novembre 2010

Fausse route


dans un monde de tricheurs, cela peut-il avoir un sens d'être le seul à respecter les règles ? Face à une Chine manipulant sa monnaie et échangeant contrats contre transfert de technologies ou face à des Etats-Unis n'hésitant pas à casser des appels d'offres publics lorsqu'ils ont été perdus par les firmes américaines, la France ne devrait pas faire preuve de naïveté. Il faut défendre le « made in France », taxer les importations, jouer la carte de la préférence nationale, lutter par la loi contre les délocalisations…


La rhétorique est séduisante mais la réalité économique est autre. Que l'armée française ayant besoin de camions préfère ne pas finaliser une commande remportée à la loyale par Fiat pour ménager Renault Trucks n'a guère de sens. D'abord parce que dans le cas présent, l'italien Fiat-Iveco s'est associé avec un partenaire français. Ensuite parce que Renault Trucks, bien qu'il produise en France, est désormais contrôlé par le suédois Volvo. Mais, enfin et surtout, car ce que les salariés des usines de Renault Trucks vont gagner sera sans doute demain payé par le contribuable français au travers de surcoûts. En effet, qui dit protectionnisme dit en général hausse des prix pour le consommateur.


L'affaire Iveco est d'autant plus maladroite que la défense est un monde à part. Au nom de l'intérêt supérieur de la nation, les Etats peuvent légalement s'affranchir des habituelles règles du jeu commercial. Pour préserver une industrie domestique stratégique, il est admis que le protectionnisme soit parfois de rigueur. Mais est-ce le cas pour des camions ?


Surtout, à l'heure où la contrainte budgétaire pèse sur les Etats, le signal adressé par la France est contre-productif. Plutôt que le chacun pour soi, la priorité européenne devrait, au contraire, être de dépasser le stade des champions nationaux pour favoriser via des coopérations poussées ou des fusions assumées la naissance de champions à l'échelle du continent. Dans les secteurs les plus stratégiques comme dans ceux qui le sont moins. Dans les porteavions comme dans les camions. Même si elle est difficile, seule cette route permettra d'innover, de rivaliser face aux Américains, Russes ou Chinois et ainsi d'exporter… Mais pour vendre aux autres, il faudra aussi accepter d'ouvrir nos marchés.

0 commentaires: