Dix jours après le remaniement gouvernemental, François Fillon a présenté mercredi devant le Parlement les priorités de son gouvernement. Assumant le bilan de la première moitié du quinquennat, il promet de continuer à réformer et de ne pas augmenter les impôts.
• Les réformes - François Fillon a débuté son discours en rappelant que «l'élan de réforme» du gouvernement est intact. «Mon gouvernement d'action a un double mandat. Bâtir une France moderne et gérer la pire crise économique depuis la crise de 1930». «De quoi pourrions-nous rougir ? D'avoir réformé les universités ? D'avoir instauré le service minimum ? D'avoir réussi le Grenelle de l'environnement ? J'assume notre bilan», a expliqué le premier ministre.
Affirmant que lorsqu'on «sert l'intérêt général, on ne s'excuse pas pour son courage», François Fillon, qui avait placé sa reconduction à Matignon sous le signe de la continuité, a lancé : «Contre vents et marées, dans le calme et la tempête, contre les conservatismes et pour vaincre les peurs, l'élan de la réforme est intact!». Avant d'assurer, en parlant des «échéances électorales à venir», «l'impopularité d'un jour peut devenir l'estime du lendemain».
• Une règle constitutionnelle sur les déficits - La lutte contre les déficits est la priorité des priorités pour François Fillon. Il veut même faire de l'équilibre des finances publiques un principe constitutionnel. Le chef du gouvernement saisira prochainement «les groupes politiques d'un document d'orientation afin que nous voyions ensemble si un consensus peut être atteint sur cette question».
La France s'est engagée devant ses partenaires européens à réduire son déficit public de 7,7% du PIB cette année à 6% fin 2011, jusqu'à 2% fin 2014. «La crise du surendettement n'est pas jugulée», assure-t-il. «Avec une dette de 1600 milliards d'euros, la France ne dispose pas de trésor caché pour se dispenser de ces efforts», a-t-il ironisé. «Il faut nous libérer des déficits pour maintenir les taux d'intérêts à un niveau aussi bas que possible et pour retrouver des marges de manoeuvre», a-t-il souligné.
Le chef du gouverment a défendu la rigueur budgétaire. Il n'y aura pas de dépenses publiques supplémentaires pour relancer la croissance, ni hausse d'impôt, a promis François Fillon. Le premier ministre s'est en revanche prononcé en faveur d'une réorientation de l'épargne vers le financement de long terme des entreprises, notamment en actions.
• La croissance économique - François Fillon a reconnu que «la reprise est amorcée», mais que «la crise n'est pas finie».«L'Europe est menacée de stagnation», a-t-il ajouté. Mais le premier ministre a aussi dit s'attendre à une croissance «supérieure à 1,5%» en 2010 et a jugé la prévision d'une croissance à 2% l'an prochain «à la portée» de l'économie française.
La France va proposer, «au sein de l'Union européenne», «la création d'un fonds européen de capital risque en faveur des entreprises innovantes». En plus de ce fonds, la France proposera la création d'un «fonds européen des brevets pour valoriser les résultats de la recherche».
• La réforme de la fiscalité - François Fillon s'est engagé à mener à bien «une réforme profonde de la fiscalité du patrimoine» avant l'été prochain, qui pourrait aboutir à une suppression du bouclier fiscal et de l'Impôt sur la fortune (ISF). Il a prévenu qu'elle devrait se faire «à produit constant» pour «stabiliser» la dette publique dans deux ans.
Mais il n'y aura pas de nouvelle hausse d'impôt, a-t-il aussi promis. Avant d'ajouter: «le statu quo n'est pas possible». Selon lui, la fiscalité française est «un chef d'oeuvre de complexité, au point d'en affecter l'efficacité et même l'équité». Sa réforme doit donc «servir notre compétitivité», «rechercher la justice» et la rendre plus «lisible» et «aussi simple que possible».
• La réforme de la dépendance - C'est aussi l'une des priorités de la feuille de route gouvernementale. Le premier ministre a confirmé l'intention du gouvernement de mener en 2011 une concertation nationale sur ce dossier. Cette concertation aura notamment pour objectif d'étudier «sans a priori ni préjugé» les pistes de financement - assurance obligatoire ou facultative, collective ou individuelle.
Il a indiqué que cette concertation serait élargie à toute la protection sociale, citant notamment la régulation des dépenses de santé. Elle devra aussi «examiner les voies et le moyens de réguler les dépenses de santé, de fixer la part des régimes obligatoires et complémentaires, et de diversifier les modes de financement», a-t-il ajouté.
Le coût de la dépendance «est estimé à 22 milliards d'euros (par an) et il devrait atteindre les 30 milliards dans les prochaines années», a fait valoir François Fillon, selon qui le nombre des plus de 75 ans devrait doubler dans les prochaines décennies en France.
• La politique internationale de la France - La France assume «son message universaliste», «par la diplomatie, mais aussi par la force des armes quand cela est nécessaire», a-t-il déclaré. Elle «va se battre pour convaincre ses partenaires qu'un monde mieux équilibré et mieux régulé est nécessaire».
«Le sort de nos otages nous mobilise inlassablement. Au terrorisme nous opposons une vigilance permanente et la force de caractère de la République», a souligné le premier ministre. «En Afghanistan, nous poursuivrons notre stratégie de sécurisation, de reconstruction et de responsabilisation des autorités afghanes», a-t-il poursuivi.
• La réforme de la justice Nicolas Sarkozy avait relancé, lors de son intervention télévisée du 16 novembre, l'idée d'introduire des jurés populaires en correctionnelle et d'adjoindre des «citoyens» aux juges pour prendre les décisions de libérations conditionnelles. François Fillon a énuméré les questions à définir en vue de cette réforme : «Quels délits peuvent donner lieu à des formations de jugement impliquant la participation d'assesseurs issus de la société civile? Faut-il envisager un seuil de gravité ? Est-ce en première instance ou seulement en appel?».
Il a ajouté un nouveau thème de réflexion : «Ne faut-il pas aussi réfléchir au fonctionnement des assises?», s'est interrogé le premier ministre. «Est-il nécessaire d'avoir toujours neuf jurés, ou bien peut-on dans les cas les moins graves trouver une forme de participation populaire moins lourde?».
François Fillon a assuré que la réforme de la justice n'était pas motivée par une «méfiance à l'égard des magistrats dont le professionnalisme et la haute conscience méritent notre respect». Le nouveau ministre de la Justice, Michel Mercier, ouvrira «un large débat pour savoir comment renforcer le lien entre le peuple souverain et sa justice pénale», a déclaré le chef du gouvernement.
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