TOUT EST DIT

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mercredi 24 novembre 2010

Le jeu du 38e parrallèle

Ce n'est pas la première fois, hélas, que la paranoïa enchaîne l'Histoire, et la traîne derrière elle. Le bombardement d'hier pourrait apparaître comme un simple avatar supplémentaire sur la longue liste des « incidents » entre les deux Corées. Le comique le dispute souvent au tragique, en effet, dans l'affrontement entre les deux frères ennemis, toujours officiellement en guerre depuis... cinquante-sept ans sans qu'on puisse jamais distinguer le gravissime de l'anecdotique. On ne compte plus les épisodes d'une extravagante surenchère militaire entre les deux camps qu'un conflit hérité d'un autre siècle continue d'opposer de part et d'autre de ce 38e parallèle où plus d'1,5 million d'hommes se font face, officiellement prêts à en découdre.
Mais cette fois, on ne rit plus. La provocation de Pyongyang a été meurtrière, elle a touché des civils, et elle intervient à un moment où la tension entre les deux rivaux électrise le rapport de forces déjà crispé entre leurs deux grands alliés respectifs, les États-Unis et la Chine. L'apparente folie nord-coréenne a rarement des accès gratuits. En l'occurrence, elle correspond, paradoxalement, à une phase d'ouverture (relative) de la diplomatie du régime vers Washington. Une façon d'exister aux yeux du monde qui emprunte nécessairement à la violence rituelle contre le voisin du sud tout à la fois honni et désiré.
Voilà vingt ans que les Nord-Coréens ont parfaitement compris qu'ils pourraient faire les frais de la fin du monde bipolaire. Même Pékin, qui a toujours soutenu ses encombrants protégés, a été souvent tenté de prendre ses distances avec eux. Quelques obus et voilà Hu Jin Tao contraint de ne pas les considérer comme quantité négligeable.
Si Pyongyang ne marchandait pas la paix avec sa technologie nucléaire, le dossier serait réglé depuis longtemps. Mais il faut bien, une fois de plus, composer avec le caractère imprévisible de son régime fragilisé par la fin de règne du « Cher leader », Kim Jong Il. Rien n'est plus dangereux, chacun le sait, qu'une dictature à bout de souffle dont l'armée contrôlera jusqu'au bout la respiration. Elle veut aujourd'hui montrer que le successeur désigné, le jeune Kim Jong-Un, sera bien dans la lignée brutale de son père et de son grand-père, Kim-Il-Sung.
De leur côté, les diplomaties occidentales font semblant de s'inquiéter, c'est le jeu, mais elles sont seulement préoccupées. Personne, en effet, n'a intérêt à ce que la situation dégénère. Sans même parler du risque nucléaire, un conflit aurait des conséquences catastrophiques pour la croissance de toute la région. Aujourd'hui, même le Sud prêche l'apaisement! Quant à l'Amérique et ses 28 000 hommes, elle a perdu toute envie de nouvelle croisade contre l'axe du mal. Elle a déjà donné...


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