depuis une semaine, depuis l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy consécutive au remaniement du gouvernement, les Français en savent plus sur « les » projets de l'exécutif pour la dernière phase du quinquennat : pour l'essentiel, l'année 2011 sera consacrée à mettre en place une couverture sociale pour les personnes âgées dépendantes et à réformer la fiscalité sur le patrimoine. Aujourd'hui, les Français devraient en savoir plus sur « le » projet politique de l'exécutif pour cette dernière partie du quinquennat.
Par un renversement des rôles institutionnels, c'est en effet au Premier ministre, François Fillon, qu'il revient, cet après-midi, dans sa déclaration de politique générale, de mettre en perspective les annonces du chef de l'Etat. De théoriser la pratique. De donner un sens à l'action. A lui de caractériser l'avenir, lui dont la première déclaration générale, au début de juillet 2007, épousait la voie présidentielle de la libération de la croissance par le travail et de la révolution de la politique par l'ouverture.
Se succédant à lui-même, le Premier ministre se dira logiquement déterminé à maintenir intact l'élan de la réforme. Mais cela suffit-il à définir un cap, à dessiner une doctrine politique au moment où, malgré les soubresauts qui secouent la zone euro, la France entrevoit la sortie de crise ? Cela peut-il tenir lieu de vision de la société au moment où, bien que ses promesses ne soient pas finançables, le Parti socialiste place l' « égalité réelle » au coeur de sonprojet ?
Pour la droite, le défi n'est pas seulement de gagner la bataille de l'action, autrement dit celle du bilan, il est aussi de se mettre en position de remporter celle des idées. Or, sur ce terrain-là, ce n'est plus de l'Elysée, maison désertée par les conseillers de la première heure - hier encore avec le départ du conseiller social Raymond Soubie -, que vient l'énergie créatrice. C'est de l'UMP qui, avec Jean-François Copé comme secrétaire général, a vocation à redevenir le laboratoire de la droite. Est-ce aussi de Matignon, dont l'hôte fut l'un des artisans du projet de 2007 ?
Après la parenthèse du retour de l'Etat protecteur, l'opportunité s'offre à lui de replacer l'action sous le signe de la nécessaire compétitivité de l'économie française. Pour François Fillon, l'enjeu est aussi de se distinguer, ou non, d'autres « deuxièmes » Premiers ministres de la Cinquième, qui ont été des hommes de combats - l'inflation pour Raymond Barre en 1976, l'emploi pour Dominique de Villepin en 2005 -, pas de projets.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire