TOUT EST DIT

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mercredi 24 novembre 2010

Deux vainqueurs, un de trop ?

François Fillon et Jean-François Copé sont donc les deux nouveaux hommes forts de la droite. Vont-ils s’entendre ou s’opposer ?

A l’Assemblée hier, l’élection de Christian Jacob a la tête du groupe UMP fut une victoire de Jean-François Copé. A l’Assemblée aujourd’hui, le discours de politique générale sera le triomphe de François Fillon. Deux moments forts qui confirment les deux grands vainqueurs de la longue séquence du remaniement. Deux grands vainqueurs car l’un comme l’autre se sont véritablement imposés à Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat n’a pas pu changer de premier ministre comme il l’avait imaginé et il n’a pas pu faire autrement que de confier l’UMP, son parti, à un cadet aussi ambitieux que lui.

Fillon et Copé sont donc à la fois plus puissants et plus libres qu’avant. On se souvient que le Premier ministre avait du endurer un statut de « collaborateur », conséquence de l’hyper présidence Sarkozy, et que le maire de Meaux avait vécu comme une relégation d’être chassé du gouvernement en 2007. Et bien les deux hommes ont su transformer une situation inconfortable en bastion inexpugnable. Ce n’était pas écrit d’avance, c’est le signe d’un vrai talent politique.

François Fillon a maintenant les moyens d’agir. Son premier discours de politique générale, juste après sa nomination, avait été torpillé par une interview du secrétaire général du gouvernement, Claude Guéant, qui avait tout dit par avance. Cette fois, rien de tel : personne n’est venu parasiter la prise de parole du premier ministre. Quand à Jean-François Copé, il a réussi le doublé. Il a le parti et, grâce à son ami Jacob, il a aussi le groupe. Un des ses collaborateurs nous racontait que son offre de service sur l’UMP formulée fin juillet avait été un coup de bluff complet. Parfois, le bluff, ça marche.

François Fillon et Jean-François Copé sont donc les deux nouveaux hommes forts de la droite. Vont-ils s’entendre ou s’opposer ? Les lois de la politique sont quasi immuables : deux vainqueurs, c’est un de trop. Et ce n’est pas un hasard si Copé avait soutenu la candidature de Borloo à Matignon et que Fillon a tout fait pour que Copé entre au gouvernement afin de l’avoir sous ses ordres plutôt qu’en face de lui. Fillon-Copé, le match est quasiment écrit d’avance. Même s’ils n’ont pas tout à fait le même âge, 55 ans pour le chef du gouvernement, 45 ans pour le chef du parti, les deux hommes jouent la pôle position pour l’après Sarkozy. En 2017, ou pourquoi en 2012 au cas où. Et même si tous les deux affirment de bonne fois vouloir aider Nicolas Sarkozy a être réélu, se posera tôt ou tard la question : qui est le patron de la campagne : le chef du parti ou le chef du gouvernement.

Souvenez-vous : on avait eu le même cas de figure entre Laurent Fabius et Lionel Jospin sous Mitterrand. Ça avait donné le congrès de Rennes. Cette fois, le Premier ministre va montrer, dès cette après-midi, qu’il est l’homme qui conduit les réformes. Le secrétaire général de l’UMP voudra prouver qu’il est l’homme qui apporte des idées. Copé est puissant à l’UMP et à l’Assemblée ; Fillon se montrera attentif à toutes les sensibilités de la majorité et cajolera le Sénat. C’est d’ailleurs la première fois sous la Ve République, qu’un Premier ministre refera son discours de politique général au Sénat avec un vote de confiance, au lendemain de celui de l’Assemblée.

Entre les deux hommes, au mieux, ce sera une saine émulation. Au pire, attachez vos ceintures.

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