Christine Lagarde est en visite à Pékin pour booster le commerce entre la France et la Chine. Un pays où la crise a pu être enrayée par un gigantesque plan de relance... mais qui se demande comment en sortir.
Avec ses 8,9% de croissance en glissement annuel au troisième trimestre, c'est à se demander si la Chine a connu la crise. Quand le Bureau national des Statistiques a rendu son verdict la semaine dernière, même le gouvernement central s'est dit surpris de l'efficacité de son plan de relance.
Christine Lagarde est en visite à Pékin pour booster le commerce entre la France et la Chine. Un pays où la crise a pu être enrayée par un gigantesque plan de relance... mais qui se demande comment en sortir.
Avec ses 8,9% de croissance en glissement annuel au troisième trimestre, c'est à se demander si la Chine a connu la crise. Quand le Bureau national des Statistiques a rendu son verdict la semaine dernière, même le gouvernement central s'est dit surpris de l'efficacité de son plan de relance.
Pour éviter la crise, Pékin avait injecté en novembre 400 milliards de dollars dans l'économie, étalés sur deux ans. Ces bons résultats trimestriels ont d'ailleurs incité le plus haut organe de l'exécutif à reconnaître que la reprise était désormais "consolidée" De fait, de nombreux indicateurs sont au vert. A commencer par la hausse de la production industrielle de 13,2% en septembre, et par un rebond de 33% des investissements en capital fixe sur les neuf premiers mois de l'année. Ce 3ème trimestre 2009 aura aussi vu tripler les investissements chinois à l'étranger, entraînant une frénésie d'achats dont certains ne sont pas passés inaperçus, tel celui de Hummer. Surtout, les consommateurs ont réagi de façon quasi mécanique aux mesures d'aides à l'achat de véhicules et de biens de consommations durables (TV, appareils ménagers, ...). C'est particulièrement vrai dans les campagnes. Sur les 9 premiers mois de l'année, les ventes au détail ont augmenté de 16,5%. Les ventes de voitures sont sans doute les plus spectaculaires, avec une hausse de 78% en septembre.
Une croissance sous perfusion
Pourtant, les résultats ne seraient sans doute pas si bons sans les mesures du titanesque plan de relance, ni l'assouplissement de la politique monétaire. Routes, voies ferrées, centrales électriques, ports, ouvrages hydrauliques,... les grands travaux prévus par l'Etat sont entrés sans exception dans le plan de relance. Tant et si bien que la Banque mondiale évalue à 80% la part de l'aide publique dans la croissance du PIB chinois en 2009. "C'est une croissance aux stéroïdes" résume Michael Pettis, professeur de finance à l'Université de Pékin. La question est aujourd'hui de savoir comment l'Etat fera pour arrêter d'injecter autant d'argent dans le système sans provoquer un coup d'arrêt brutal de la croissance".
Autant la Chine a créé la surprise par l'ampleur et la rapidité d'exécution de son plan de relance, autant en sortir ne sera pas aisé. Encouragées à lâcher la bride sur les prêts, les grandes banques ont consenti un total de 1270 milliards de dollars de prêts en 9 mois, soit une augmentation de 75%. Si des plafonds venaient à limiter ces prêts, la correction pourrait être brutale. En juillet, une baisse de la croissance des prêts a provoqué la chute de plus de 20% de l'indice de référence de la bourse de Shanghai le mois suivant. Prolonger trop longtemps le plan de relance n'est pas non plus sans dangers. Cela pourrait même avoir des effets pervers, affirme un rapport de la Banque asiatique de Développement paru le mois dernier. Par exemple en détournant l'argent de l'investissement productif vers le marché immobilier ou boursier, ou en créant des pressions inflationnistes : "un tel scénario pourrait entrainer un important resserrement monétaire à moyen terme, et diminuer la croissance", estime le rapport.
Faiblesses structurelles
Car qui dit plan de relance ne dit pas forcément réformes. Menacée par la crise, Pékin a paré au plus pressé : faire en sorte que la croissance ne s'enraye pas. L'économie, elle, conserve ses faiblesses structurelles et la Chine ne peut plus considérer les exportations comme un pilier inébranlable de sa croissance. "Les exportations demeurent le talon d'Achille de l'économie chinoise, malgré une récente amélioration, analyse Hervé Liévore, stratégiste chez AXA Investment Managers. Le rythme des exportations est aujourd'hui extrêmement lent. Cela va peser sur le textile et les biens de consommation durable, deux secteurs qui écoulent 30% de leur production en valeur à l'étranger."
vendredi 30 octobre 2009
La Chine et sa croissance sous stéroïdes
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