TOUT EST DIT

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lundi 14 février 2011

L'immigration tire-t-elle les salaires vers le bas?

La question risque de faire débat. Marine Le Pen a affirmé haut et fort, lundi lors de son débat avec Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV, que l'immigration tirait à la baisse les salaires. Si la chef de file du FN s'appuie, en effet, sur les chiffres d'un rapport du Conseil d'Analyse Economique remis au ministre Eric Besson en 2009, le phénomène doit être relativisé. "De façon globale, l'immigration est plutôt favorable à la croissance économique et à l'emploi", assure au contraire l'économiste Nicolas Bouzou, joint par leJDD.fr. Tentative d'explication. 

Le débat était animé lundi matin entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Surtout sur la question de l'immigration. Si le leader du Parti de gauche s'est dit pour une régularisation massive des travailleurs sans papier, la chef de file du Front national a réaffirmé sa position contre l'immigration massive. Tout en donnant des arguments. "Plus de 1% d'immigration est égale à une baisse de 1,2% des salaires", a déclaré Marine Le Pen sur BFM TV, citant un rapport du Conseil d'Analyse Economique (CAE). Vérification faite, ce rapport - réalisé par l'économiste Gilles Saint-Sauveur et intitulé "Immigration, qualification et marché du travail" - a bel et bien été présenté, le 27 mai 2009, à Eric Besson, alors ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale.
Et on y retrouve les chiffres cités par Marine Le Pen, qui reprend une étude de Joseph Atlonji et David Card. Seul petit bémol, les deux économistes ajoutent que, "paradoxalement", une hausse de la proportion d'immigrés d'un point de pourcentage "réduit également le taux de chômage de 0,25%". L'immigration aurait bien un impact sur le marché du travail. Dans ce même rapport, l'économiste Hunt avance, lui, qu'une "hausse de la proportion de rapatriés d'un point de pourcentage a réduit le salaire d'environ 0,8%". Egalement cité, l'Américain George J. Borjas met en avant l'exemple des Etats-Unis dans une étude datant de 2003: "Entre 1980 et 2000, l'immigration a accru l'offre de travail d'environ 11%, ce qui aurait réduit le salaire des natifs d'environ 3,2% et que cette réduction frappe la plupart des catégories d'expérience et d'éducation, mais de manière inégale".

L'immigration "plutôt favorable" à la croissance

Alors comment expliquer ce phénomène qui, selon Marine Le Pen, satisfait le patronat? "Que certains natifs rejettent certains types d'emplois peut simplement signifier que les travailleurs ont de meilleures opportunités que d'occuper ces emplois, et donc que les salaires correspondants devraient augmenter pour qu'ils soient pourvus", précise le rapport du CAE. Or, ce n'est pas le cas. Face à cette pénurie, le recours à une main d'œuvre plus faible se met donc en place, justifiant ainsi l'afflux migratoire. "Les nouveaux immigrés entrent en concurrence avec les salariés peu qualifiés déjà présents (…) et font baisser les salaires", explique, de son côté, la démographe Michèle Tribalat, auteur d'un livre intitulé Les yeux grands fermés: l'immigration en France. Et d'ajouter: "Les nombreuses études étrangères s'accordent généralement pour constater un effet négatif sur les plus bas salaires lorsque l'immigration est faiblement qualifié". Elle dénonce également le faible écho du rapport du CAE jugé, selon elle, "trop dérangeant", puisqu'il mettait en évidence "la faiblesse de l'argument économique pour justifier l'immigration".


Mais ce phénomène reste toutefois à relativiser et à analyser avec précaution. "De façon globale, l'immigration est plutôt favorable à la croissance économique et à l'emploi", assure l'économiste français Nicolas Bouzou, contacté par leJDD.fr. Et d'ajouter que l'on ne peut pas trancher de manière globale sur la question. "Cela dépend vraiment des secteurs d'activité", explique-t-il, précisant qu'aucune étude n'a jamais démontré que l'immigration tirait les salaires vers le bas. "Si vous prenez le secteur de la construction - dans lequel on n'arrivait pas à trouver de main d'œuvre - il est clair que l'immigration a permis de créer un cercle vertueux", conclut Nicolas Bouzou. Surtout qu'en France, comme le rappelait l'économiste Bernard Girard en 2004, "nous avons un salaire minimum qui met un plancher et évite la concurrence entre travailleurs sur les emplois les moins qualifiés". Pour justifier ses dires, il met, là encore, une étude en avant. Celle des économistes Fix et Passel, datant de 1994, qui affirmait que l'immigration "n'a pas d'effet discernable sur les salaires. Leurs évolutions, tant à la hausse qu'à la baisse ne dépendent pas de l'immigration". Le débat est lancé…

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Les immigrés sont une très bonne affaire pour l’économie française : ils reçoivent de l’Etat 48 milliards d’euros, mais ils en reversent plus de 60. Soit un solde positif de 12 milliards d’euros pour les finances publiques.

Ce n'est pas moi qui le dit, mais Courrier International :

http://www.courrierinternational.com/article/2010/12/02/les-tres-bons-comptes-de-l-immigration

Bien@vous,
Sophie