lundi 14 février 2011
L'emploi entre créations et réactions
c'est un apparent défi au bon sens : le redémarrage de l'activité économique s'accompagne, à la fois, d'une résistance du chômage et d'une reprise de l'emploi. L'annonce de 110.000 créations de postes, en 2010, dans l'économie marchande vient souligner cet apparent paradoxe. D'autant que, sans être mirobolants, les résultats sont signifiants. Après en avoir broyé plus d'un demi-million en 2008 et 2009, la machine à détruire des emplois s'est non seulement arrêtée, mais a enclenché la marche arrière. Le rythme des postes perdus dans l'industrie tend à se ralentir. Enfin, bien que la statistique le porte, par convention, au seul crédit du tertiaire, le dynamisme de l'intérim est de bon augure pour tous les secteurs de l'économie.
L'emploi repart. Sûrement, mais trop lentement pour faire plier le chômage. Car son impact sur le taux d'inactivité est limité par notre vigueur démographique, heureuse exception française à moyen terme mais handicap arithmétique à brève échéance. Cinquante mille nouveaux actifs par an : voilà la marche à franchir avant que l'emploi commence à faire baisser le chômage. Elle est moitié plus haute si on lui ajoute l'effet de l'extinction progressive de la dispense de recherche d'emploi dont bénéficiaient les chômeurs âgés. Aussi pourrait-on à bon droit considérer que le chiffre de l'emploi décrit une réalité économique tandis que celui du chômage dépeint une réalité sociale. Préférer l'une à l'autre, en attendant que toutes deux se rejoignent.
Or c'est bien parce que cette convergence risque de tarder que le chef de l'Etat a choisi d'agir, ou plutôt de réagir, sur les deux à la fois. Sur le chômage en poussant les agents de Pôle emploi à proposer des formations aux chômeurs de longue durée, et ceux-ci à les accepter. La requête a tout de l'énergie du désespoir mais elle peut faire renaître des espoirs. Quant à la création d'emplois, elle sera amplifiée par le retour des contrats aidés, forme opportune d'accompagnement de la reprise. Soupçonner l'exécutif de vouloir « faire du chiffre » à court terme serait cependant exagéré : son plan de développement de l'apprentissage, moitié moins répandu en France qu'en Allemagne, témoigne d'une volonté de s'attaquer aux obstacles structurels à l'embauche des jeunes. Les effets en seront durables mais, faute de capacités d'accueil, ils vont se faire attendre, au-delà de 2012.
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