TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 19 janvier 2011

La vitalité retrouvée de la Silicon Valley

L'année 2010 a été la meilleure de toute l'histoire d'Intel et nous sommes persuadés que l'année 2011 sera encore meilleure », assurait la semaine passée Paul Otellini, PDG du numéro un mondial des puces. Des propos qui peuvent surprendre, alors que l'Etat de Californie traverse la pire crise financière de son histoire, que le marasme économique sévit toujours dans le Golden State, comme partout ailleurs aux Etats-Unis... Mais Intel n'est pas le seul à se porter comme un charme. A bien regarder, presque tous les autres champions de l'industrie high-tech de la Silicon Valley annoncent des bénéfices record, des chiffres d'affaires en hausse et... embauchent.
Comme avant la crise, les autoroutes de la région sont à nouveau encombrées matin et soir, les parkings des firmes technologiques sont pleins et les entreprises se battent pour conserver leurs meilleurs collaborateurs... Pour éviter une saignée, Google a même dû verser à tous ses salariés une prime de 1.000 dollars après impôts et les augmenter de 10 % au 1 er janvier de cette année. Du jamais-vu à cette échelle, même dans la région.
Reflet plus « objectif » de cette bonne santé collective retrouvée des firmes technologiques, l'indice Nasdaq a progressé de plus de 600 points depuis février 2010. Soit une hausse de près de 30 % des valeurs technologiques en moins d'un an ! S'agissant de leurs homologues pas encore cotées, les start-up, leurs investisseurs confirment que « les affaires vont bien ». Un optimisme qui n'était plus affiché depuis longtemps.
Comment s'explique ce dynamisme retrouvé ? D'abord par le fait que les entreprises technologiques locales - même les plus petites -sont réellement tournées vers les marchés mondiaux, notamment asiatiques, dont beaucoup sont en pleine expansion. Raison pour laquelle beaucoup de start-up choisissent de commencer leur existence dans la Silicon Valley, même si, dans l'absolu, les coûts y sont plus élevés qu'ailleurs.
Autre motif d'explication : la capacité des entreprises de la région à poursuivre les investissements liés à l'innovation, surtout en période de crise. On réduit les frais généraux, mais pas les programmes de R&D.
Enfin, le climat actuel s'explique aussi par une volonté très spécifique de dépasser ses points forts traditionnels. En investissant massivement dans les nanotechnologies, les biotechnologies et, plus récemment, dans les technologies vertes, la région se donne les moyens de créer de nouveaux emplois à haute valeur ajoutée, qui remplacent ceux qui sont détruits, amorçant une croissance nouvelle.
Ainsi, globalement, le nombre d'emplois salariés dans la Silicon Valley n'a que peu évolué depuis vingt ans (avec toutefois de très fortes baisses et hausses sporadiques). Mais un tiers seulement de ces emplois sont aujourd'hui liés à l'informatique, contre plus de la moitié en 1990...
Autour de San Jose par exemple, considérée comme la « capitale » de la Silicon Valley, des parcs technologiques comme celui d'Evendale sont là pour témoigner de cette évolution. Celui-ci attire désormais des firmes de clean-tech et de biosciences du monde entier, mais aussi en provenance d'autres Etats des Etats-Unis, comme New York et le Massachusetts, pourtant réputés dans ces domaines. Les start-up trouvent ici, plus qu'ailleurs, un écosystème capable d'accélérer leur développement.
Cette diversification « naturelle » (l'industrie solaire puise ses racines dans celle des semi-conducteurs, nombre de recherches sur les biocarburants viennent des biotechnologies, etc.) permet aussi aux meilleurs, qui ont déjà un emploi, de trouver de nouveaux défis professionnels à relever. Donc de rester sur place plutôt que de céder aux sirènes des autres pôles innovants de la planète.
A ce prix, la Valley reste donc une terre d'immigration et non d'émigration pour les emplois à très haute valeur ajoutée. Pour autant, la question qui agite beaucoup de responsables politiques et économiques du Golden State est de savoir si la vitalité retrouvée des firmes technologiques de la Silicon Valley sera suffisante pour tirer vers le haut l'ensemble de l'économie de l'Etat, alors que le taux de chômage (plus de 12 % de la population active) y est globalement plus élevé que la moyenne nationale et que les finances publiques sont dans un état encore « pire que prévu ». Le nouveau gouverneur, Jerry Brown, vient de revoir à la hausse (29 milliards de dollars) le budget de l'Etat en 2011.
Sur le plan macroéconomique, la situation n'est guère meilleure : les marchés de l'immobilier, du tourisme, de l'agriculture, de la construction, sans parler des secteurs industriels traditionnels, restent en mauvaise posture.
Heureusement, certains y croient. Les plus optimistes regardent vers le passé pour affirmer qu'à de nombreuses reprises, notamment dans les années 1970 puis 1990, l'expansion technologique de la Silicon Valley a bel et bien entraîné toute l'économie californienne vers de longues périodes de prospérité.
Et ils prédisent que l'innovation dans les biosciences, les technologies liées aux terminaux mobiles ou les clean-tech créeront des emplois dans la santé, l'éducation, les services à la personne, etc. Qui, à leur tour, stimuleront des secteurs comme le tourisme ou les loisirs. Mais, même s'ils ont raison, cela ne se fera qu'au prix d'une dure « réinvention sociale », qui obligera beaucoup de gens à passer par la case chômage (avec très peu d'indemnités), à changer de qualification et d'emploi.

0 commentaires: