TOUT EST DIT

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dimanche 7 décembre 2014

La grogne monte, l’espoir renaît

Les Français expriment leur grogne : leurs idées changent, leur comportement suit. La France sera-t-elle bientôt libérée de l’intérieur ? 
Les hommes politiques ont comme toujours fait des promesses qu’ils n’ont pas tenues. La principale d’entre elles, c’était le changement, la rupture.
Le changement allait permettre d’améliorer le pouvoir d’achat, restaurer la compétitivité des entreprises, renouer avec la croissance. Mais le changement n’a pas eu lieu, ou ce n’était pas le bon. Après le mandat de Nicolas Sarkozy fait d’occasions manquées d’améliorer la liberté des Français, François Hollande saisit chaque occasion qu’il a de l’empirer.
La déception ayant gagné assez de terrain, elle s’est muté en contestation. En quelques années, des mouvements se sont rassemblés autour de causes diverses, allant du refus musclé de l’écotaxe à la TVA équestre en passant par les entrepreneurs. Ces causes diverses avaient en commun d’être des mouvements d’opposition, en réaction face à des lois et impôts nouveaux – et c’est en train de changer.
Désormais, le ras-le-bol fiscal s’est généralisé, renforcé par les hausses d’impôts mais aussi par le gaspillage et les scandales de plus en plus apparents. Il s’est transformé en haut-le-cœur fiscal selon le Premier Ministre Manuel Valls, qui a cherché avec des baisses d’impôts pour les contribuables les moins aisés à calmer la naissante révolte. Trop tard.
Trop tard, car les Français sont à bout de nerf et à bout de souffle. Subissant toujours plus de taxes et de lois aussi complexes qu’inutiles, ils manifestent de plus en plus ouvertement leur colère. En quelques mois, du fumier a été déversé devant un centre des impôts (Sarreguemines) alors qu’un autre a été incendié (Morlaix). Bercy a été cadenassé par les petits chefs d’entreprise en colère. L’impôt est de plus en plus contesté – y compris par les Français.
Un tiers d’entre eux voit désormais les impôts comme « une extorsion de fonds ». 37%, et la majorité des ménages les moins aisés, est de cet avis. Et seulement 6% considèrent que les impôts sont un acte solidaire.
Sans doute parce qu’ils considèrent, à raison, que l’argent des impôts est gaspillé (84% des Français) et mal redistribué (84% également) et sert à payer les fonctionnaires (59%) et le train de vie des élus (54%). Les résultats du sondage sont disponibles ici.
Alors que la gronde des Français dépasse leur situation personnelle pour devenir une révolte contre l’impôt, l’espoir est permis. D’autant plus qu’ils se déclarent prêts à composer une véritable société civile, et ne sont plus prêts à confier leur argent et leur liberté à des hommes politiques incapables et omnipotents.
3/4 des Français préféreraient choisir comment les impôts sont affectés. Plus de la moitié aimeraient pouvoir aider directement les entreprises locales, principalement en investissant. Et ils sont deux fois plus nombreux à penser que la solidarité passe par le don de soi (63%) ou de son bien (47%) que par l’impôt (32%).
D’une façon générale, on semble assister en France à un mouvement de fond : la corde sur laquelle on a trop tiré est en train de se rompre, et les citoyens veulent se libérer du lien étatique. Les hommes politiques parviendront peut-être à le comprendre, mais sans doute pas à enrayer la tendance.
Une société libre semble désormais possible en France, mais la route est encore longue. Pour aboutir, l’état d’esprit plus libre des Français doit se transformer en attitude et se traduire en actions. S’ils sont mécontents de payer l’impôt mais ne font rien, rien ne changera, d’autant plus que les hommes politiques tiennent à leur joli gaspillage et leur train de vie confortable.
Il ne faudrait pas non plus changer pour pire. Entre les come-backs politiques et les nouvelles promesses de changement, les Français doivent éviter le piège de confier leur destin au plus offrant et comprendre que c’est à eux de le prendre en main.
Enfin, les Français semblent prêts à faire société en renouant avec la vraie solidarité et en choisissant eux-mêmes comment affecter leurs ressources. C’est un grand pas dans la bonne direction, mais ils doivent désormais articuler leur défiance de l’État et leur volonté de reprendre leur destin en main sous forme d’un projet cohérent.
Ce projet passerait nécessairement par la réduction de la taille de l’État qui, alors que renaîtrait la solidarité privée, serait recentré sur ses fonctions légitimes. Les Français doivent l’accepter, et accepter de mettre fin à leurs privilèges avec autant de sincérité qu’à ceux des autres.
S’ils sont prêts à mener ce projet – et à le mener ensemble – les Français ont une chance de réussir, et libérer la France de l’intérieur. Qu’attendons-nous pour nous retrousser les manches, faire passer le message et lancer sa réalisation ?

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