TOUT EST DIT

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mercredi 19 janvier 2011

Jeu de dupes


Échange 700 millions d’euros contre 3,9 milliards : personne n’aurait l’idée de proposer une transaction aussi farfelue. Personne ? Si. Le ministère du Budget étudie le plus sérieusement du monde une réforme de la fiscalité du patrimoine qui doit se traduire, à la fois, par l’abandon du bouclier fiscal (qui coûte 700 millions annuellement aux finances publiques) et par la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui rapporte 3,9 milliards. Que le troc soit déséquilibré au possible n’effraie pas Bercy, qui agit, en la matière, sur les instructions de l’Élysée. Il suffit de trouver l’argent manquant ailleurs !


Le président Sarkozy affirme qu’il veut taxer les flux des capitaux plutôt que la détention du patrimoine. Ce choix privilégie les plus fortunés, au détriment des classes moyennes. Le « glissement » de la législation ne sera pas seulement technique, il s’annonce surtout sociologique : l’impôt sur la fortune touche 562 000 foyers, soit moins de 2 % des contribuables. La taxation des plus-values sur la vente de la résidence principale, vers laquelle on se dirige, concernera potentiellement 57 % des Français.


À son entrée à l’Élysée, le chef de l’État avait expliqué qu’une imposition plafonnée des hauts revenus serait compensée par le retour des expatriés fiscaux réfugiés en Suisse ou dans d’autres paradis pour milliardaires, parce qu’ils seraient trop fortement taxés en France. Mais le bouclier fiscal, taillé sur mesure pour ces évadés de la solidarité nationale n’a pas fait revenir grand monde. Il a, au contraire, prouvé son injustice dans l’affaire Bettencourt : la femme la plus riche de France a touché un chèque de 30 000 euros de la part du Trésor Public alors même qu’elle avait caché une partie de son immense fortune à l’étranger. À qui fera-t-on croire qu’elle a jamais été réellement taxée à plus de 50 % ?


Le bouclier fiscal est de moins en moins justifiable, mais la volonté de choyer les plus riches reste. On peut douter de l’efficacité d’une telle politique, alors que nous vivons une crise qui a encore creusé le fossé entre les plus riches et la masse des Français. Les 400 traders les mieux payés de la place de Paris ont touché, en 2009, un bonus de 1,65 million d’euros par personne. Combien paient-ils d’impôts sur cette somme ?

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