Ce matin nous n’allons pas parler politique. Juré, promis. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer ! Et pourtant, n’en déplaise à la majorité parlementaire, c’est pour écrire que, de gauche à droite et de droite à gauche, de Lille à Marseille et de Brest à Strasbourg, la France est rose. Oui, toute rose. Comme les joues du petit million de bébés, ou presque (allez, on ne va pas être petits joueurs, à 170 000 près…) qui a ouvert les yeux en 2010 dans le pays de la douceur de vivre, si hospitalier qu’il donne envie d’y voir grandir des enfants. Les siens, et ceux des autres. Tous les autres.
Ah, si seulement ces garnements insouciants, ces adorables petits vampires envahissants qui ont le pouvoir magique de faire oublier le poids de la vie (et de nous offrir en passant ce magnifique cliché), avaient aussi celui de faire sourire le peuple le plus pessimiste d’Europe. Le nôtre. Nous, quoi.
Ce n’est pas gagné ? Non, mais c’est précisément ça qui est amusant. L’apparente contradiction de notre société qui conjugue avec un génie inimitable la confiance et la déprime. La vitalité des naissances, et le spleen d’une vieille nation qui prend de l’âge, adore parler retraites et place la dépendance au premier rang de ses priorités pour la décennie.
La France de 2011 nous fait un joli baby blues. Celui qui accompagne inévitablement les grands changements. Le passage d’un état à un autre. Et l’appréhension de l’inconnu. Son bilan démographique est à lui seul une carte de ses humeurs contrariées tant il résume en quelques tableaux le patchwork de ses élans et de ses tourments. Beaucoup d’hésitations ? Et des lignes tremblantes qui encadrent des statistiques carrées. C’est normal : tout est en mouvement. La croissance de la fécondité qui récompense l’exceptionnelle politique familiale, héroïne de notre pacte social en danger, celui-là même qui est en jeu dans les grands choix politiques. La vieillesse et les interrogations sur les bienfaits de l’allongement de l’espérance de vie… Et que dire du couple, tant le sentiment et l’engagement sont au cœur du paysage matrimonial, avec - même - le luxe de la nouveauté : ce bon vieux mariage se maintient à un niveau élevé - ah l’éternité… - et vis bien sa compétition avec un Pacs qui progresse à côté de lui. A tel point que se pose désormais la question de l’égalité - si complexe à réaliser - de toutes les formes d’union dans une société libérée. Le conseil constitutionnel qui va trancher sur le mariage homosexuel… Qui aurait imaginé cela il y a seulement dix ans ?
Cette effervescence, qui contraste avec l’image de Français volontiers désabusés, est une richesse que les politiques aveuglés par les lumières clinquantes de la communication électorale ne voient plus vraiment. Alors, vas-y bébé ! Crie, joue, pleure ! Sors-les un peu de leurs torpeurs.
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