TOUT EST DIT

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mercredi 19 janvier 2011

Le poids du déclassement

Tandis que les états-majors politiques recherchent les martingales du succès en 2012, l'évolution de la société française hypothèque de plus en plus leurs calculs. La tendance de fond à l'oeuvre depuis plusieurs années dessine en effet une sorte de France à trois classes : en haut, les plus aisés, dont les revenus ont augmenté de plus de 40 % en cinq ans (principalement du fait des produits du patrimoine). En bas, les moins favorisés, touchés par la dégradation de l'emploi mais heureusement protégés par les transferts sociaux, qui en sont venus à représenter plus du tiers du revenu disponible chez les plus exposés. Et, au milieu, ce qu'on appelle la classe moyenne. Elle n'est pas assez pauvre pour bénéficier du modèle français d'assistance ou d'exemption d'impôt, et pas assez riche pour accéder aux profits financiers et aux déductions fiscales. Or, elle concentre, il faut le savoir, l'essentiel des salaires versés, du PIB... et des impôts payés. Car elle est la plus nombreuse, ce qui fait toujours saliver les spécialistes de la recette publique.

Distinguée par autant de malchances, il n'est pas étonnant qu'elle ressente plus que d'autres le poids du déclassement social. Sa partie la plus proche du bas de l'échelle est frustrée de l'argent qu'on ne lui donne pas (allocations), mais voit bien l'argent qu'on lui prend (fiscalité, dont impôts locaux). Sa partie plus haute enrage au spectacle de certaines rémunérations. Les deux sont prises en étau entre une évolution paresseuse du pouvoir d'achat (+ 20 % environ en dix ans) et le coût du logement (plus de 30 % de hausse). Menacée dans son statut social, une partie en est réduite à se réfugier dans celui, d'inspiration ethnique, que lui proposent les thèmes cauteleux de la xénophobie.

Pour résumer, cet important bataillon de Français attend qu'on lui assure une fiscalité allégée, une embellie d'activité, un logement moins cher. Avis aux candidats, dont la tâche ne sera pas aisée.

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