TOUT EST DIT

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mercredi 2 mars 2011

Un baron trop gênant

Un(e) ministre qui démissionne, ou plutôt poussé(e) dehors… Cette fois-ci, il ne s’agit pas de la France mais de l’Allemagne où une thèse de doctorat plagiée à 70 %, paraît-il, coûte son poste, et peut-être sa carrière, à Karl-Theodor zu Guttenberg, étoile montante de la politique allemande. Certes, rien de transcendant ni de révolutionnaire dans ce travail d’étudiant puisque la thèse en question compile en près de 500 pages des réflexions sur la constitution américaine et les diverses constitutions européennes. Mais, outre-Rhin, un vrai scandale.

Un scandale sociétal, d’abord, puisque chez nos voisins le titre de «Herr» ou «Frau Doktor» enregistré par l’état civil assure un parcours rapide dans le public comme dans le privé, à l’image d’une promotion de grande école française. Il donne rang dans l’«aristocratie» bourgeoise… Un rang dont pourtant l’authentique et très fortuné baron n’avait pas vraiment besoin. Et quelle suspicion portée sur les universités ! Combien de jurys de thèses se donnent-ils vraiment la peine d’étudier le travail de leurs doctorants ? Combien de thèses rédigées par des «nègres» ou des officines spécialisées ?

Mais le vrai scandale dénoncé par l’opposition, évidemment vertueuse, porte sur le déni de confiance. Un ministre, n’est-ce pas, se doit d’être sans reproche. Surtout lorsqu’il est en charge de la Défense et confronté à l’impopulaire déploiement de la Bundeswehr en Afghanistan. Quand le même ministre, et c’est de plus en plus fréquent, doit prononcer l’éloge des soldats tués en mission dans ce pays lointain, rappelant le «devoir accompli» au nom des «valeurs de la démocratie»...

Certes, politique et morale font rarement bon ménage. Les grandes phrases des uns et les tonitruantes indignations des autres cachent peut-être autre chose. La chute de «KT» ne fait pas que des malheureux, y compris dans son propre camp ! Le baron et sa belle épouse (une comtesse Bismarck), adulés par la presse people, commençaient à faire beaucoup d’ombre aux caciques chrétiens-démocrates, sous l’œil sourcilleux de la chancelière Merkel. Le Bavarois de la CSU pouvait un jour prétendre aux plus hautes fonctions…

Plus généralement, l’affaire Guttenberg accentue le malaise auquel est déjà confronté le gouvernement de Berlin, en perte de crédibilité dans les sondages. La coalition CDU/CSU – FDP au pouvoir fonctionne cahin-caha. Les beaux chiffres de l’économie cachent mal une situation sociale dégradée (appel massif à des travailleurs intérimaires sous-payés, services publics déficients dans des communes surendettées, émergence d’une classe d’assistés, les «Hartz IV», fin programmée de l’«État providence»...). Et le gouvernement fédéral, déjà en minorité au Bundesrat (la chambre des Länder dont l’avis est déterminant pour pratiquement toutes les questions budgétaires) doit encore faire face à six élections régionales en 2011. La plus périlleuse pour les chrétiens-démocrates de la chancelière et leurs alliés libéraux sera celle du 27 mars au Bade-Wurtemberg, fief CDU et berceau du FDP. En mai 2005, le gouvernement Schröder avait été contraint à l’abandon après avoir perdu la Rhénanie-Westphalie du Nord, fief social-démocrate…

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