TOUT EST DIT

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mercredi 2 mars 2011

Enjeu personnel


À fleurets pas mouchetés, l'escarmouche sur l'emploi du temps du maire de Bordeaux en disait long sur les relations à venir entre François Fillon et Alain Juppé. Pour le moment « avantage Juppé ». En obtenant les départs que Nicolas Sarkozy avait refusés à François Fillon lors de la prolongation de son bail à Matignon, le patron du Quai d'Orsay s'est positionné en recours éventuel de la droite. Et s'est désigné le Premier ministre pour adversaire. Nicolas Sarkozy qui voulait faire de la politique étrangère le levier de sa « représidentialisation » est le grand perdant de sa propre stratégie. En admettant qu'il est en panne de résultats à l'international, comme dans la lutte contre l'insécurité, le président de la République s'est mis entre les mains de son ministre des Affaires étrangères.


Les G8 et G20 français clôtureront l'année politique par une séquence internationale forte. Alain Juppé en profitera pour chercher à imposer sa stature d'homme d'État et à faire oublier les erreurs sur le Moyen-Orient ou sur le Mexique. S'il parvient à rendre une cohérence à notre politique étrangère, il apparaîtra comme un vice-président plus que comme un Premier ministre bis. Mais, même si la louange excessive n'a pas lésiné sur son talent, le nouveau ministre aura du mal à effacer cette période diplomatique désastreuse.


D'autant qu'il cherchera sans doute à ne pas trop s'exposer tant il est évident qu'Alain Juppé n'est pas revenu dans le circuit gouvernemental seulement pour mettre son expérience au service de la France. En se posant en candidat de substitution à droite c'est son image qu'il veut peaufiner. Ce retour calculé est sa dernière carte et il n'en fait pas mystère.


Le véritable handicap pour Alain Juppé c'est qu'il retrouve l'avant-scène à la faveur d'une crise de la diplomatie. Or la France attend aujourd'hui d'un « homme neuf » qu'il soit le promoteur d'une politique sociale et économique neuve. Nous venons d'assister à un changement de têtes plus qu'à l'avènement d'une autre gouvernance. Tant que le discours présidentiel continuera à nous dire que nos problèmes viennent des aspirations à la liberté des peuples arabes, Juppé sera en danger d'être perçu comme un faux homme fort.

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