TOUT EST DIT

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mercredi 2 mars 2011

L'Etat, c'est qui ?

Les plus proches collaborateurs du président de la République ont vivement dénoncé la teneur d'une tribune anonyme publiée par un groupe de diplomates. Il est vrai que, sur le fond comme dans la forme, cette tribune critiquait la politique étrangère de la France en des termes fort peu... diplomatiques.

L'incident serait sans doute passé inaperçu s'il ne survenait dans le contexte particulier né de la conjonction des bouleversements exceptionnels du monde arabe et de l'accumulation non moins exceptionnelle de maladresses et de pusillanimité françaises. La tribune contestable de nos conjurés du dimanche n'a reçu un tel écho que parce que chaque citoyen constate de lui-même que la patrie des droits de l'homme est jusqu'à présent passée totalement à côté de la vague libératrice la plus magistrale qui ait déferlé depuis la chute du Mur.

L'incident serait également passé inaperçu si le haut-le-coeur des diplomates ne s'ajoutait à une longue liste de professions régaliennes ulcérées par le mépris du pouvoir. On se souvient que, dès le début du quinquennat, cela avait commencé par les chercheurs soupçonnés de parasitisme, puis la foudre s'était abattue sur les juges tendrement qualifiés de « petits pois », puis on était passé aux instituteurs « qui ne pourront jamais transmettre certaines valeurs comme les curés et les pasteurs » et voici enfin le tour des diplomates incapables de prédire la fin des dictateurs.

Dans l'une de ses récentes réflexions, le philosophe Marcel Gauchet avait estimé que « la plus grande faille de Nicolas Sarkozy, c'est qu'il n'a pas le sens de l'institution ». Le côté privé du personnage prend toujours le dessus, avait-il ajouté. De Gaulle fut critiqué jadis pour avoir repris à son compte le majestueux « l'Etat c'est moi ». La critique de Gauchet est encore plus radicale. L'Etat, ce n'est plus l'appareil d'Etat puisque celui-ci est dévalué par son propre chef. Mais ce ne peut être non plus le chef lui-même puisqu'il ne se conçoit pas comme étant à la tête d'une institution. Il nous laisse l'angoissante question : l'Etat, aujourd'hui, c'est qui ?

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