Il flottait comme un parfum de soulagement hier à Pékin. La dernière brassée de statistiques a confirmé le ralentissement de l'activité économique et des prix de l'immobilier en Chine. Le gouvernement n'a donc pas perdu le contrôle de l'économie. Conformément à ce qu'expliquait dimanche le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, pour qui la croissance du pays pourrait revenir à 7 % en 2011 contre 8 % initialement annoncé. Depuis des mois, les autorités avaient augmenté les taux d'intérêt et surtout relevé progressivement le taux des réserves obligatoires, sans exercer d'effet visible sur une activité qui avait encore bondi au dernier trimestre 2010. Les investisseurs redoutaient une intervention beaucoup plus brutale. Car deux indicateurs cruciaux sont passés au rouge. Poussée par la flambée des prix alimentaires et de l'énergie, la hausse des prix à la consommation frôle désormais les 5 %. Elle inquiète les consommateurs, en particulier les plus démunis, qui consacrent une part de leur budget plus importante que les autres à se nourrir. Et puis les prix de l'immobilier galopent. Un peu comme en France, les classes moyennes perdent l'espoir d'accéder à la propriété. Mais, en Chine, l'inflation n'est pas seulement placée sous le signe du yin. Elle est aussi sous le signe du yang. Si la hausse des salaires et donc des prix diminue la compétitivité des exportations, elle calme les récriminations des pays occidentaux. Et, surtout, elle soutient la consommation. Autrement dit, elle favorise le basculement de l'économie sur la demande intérieure, qui constitue un objectif majeur du gouvernement pour les prochaines années.
Tout se passe comme si les autorités tentaient en fait de stabiliser l'inflation à un taux un peu inférieur au rythme actuel. Pas trop fort pour éviter de devoir donner un coup de frein vigoureux qui enverrait dans le décor les collectivités locales qui ne pourraient plus refinancer leurs emprunts colossaux. Pas trop lent pour favoriser le virage. Autrement dit, au voisinage de 4 %... le chiffre que proposait l'an dernier l'économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, aux pays avancés. Jusqu'à présent, aucun pays n'a su piloter son inflation si loin du voisinage de la stabilité des prix. Mais, après tout, la Chine a bien réussi à faire comme prévu 10 % de croissance par an depuis trois décennies...
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