TOUT EST DIT

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samedi 19 octobre 2013

On dirait qu’on serait en 1942…

Lors du passage à l’heure d’hiver, n’oublions pas de régler nos calendriers sur 1942. Très important. Adieu 2013, ses iPhone, ses écrans plats et Internet… Tout indique dans le vocabulaire que nous sommes passés – ni vu ni connu – à un espace intersidéral situé quelque part entre 1940 et 1945. Des fascistes à tous les coins de rue, des racistes, la bave aux lèvres, à deux doigts d’enfermer les immigrés dans des camps, des pétainistes comme s’il en pleuvait, quelques collabos ici et là et, depuis hier, des rafles. Mot employé pour qualifier l’expulsion de Leonarda. Le mot que tout le monde attendait, le maillon manquant. Il est là. Enfin. Ça rafle. Ouf… Manque de chance, le Vel’ d’Hiv’ a été démoli. Mais qui a eu cette idée saugrenue ? Peut-être un peu grand pour une seule personne, mais imaginons que Leonarda ait envie de faire du vélo ? Les martyrs new age ont le droit de faire du vélo dans un vélodrome, merde ! C’est fait pour ça. Donc, Anne Hidalgo, notez : reconstruction d’un Vel’ d’Hiv’ avec organisation de courses contre la montre de martyrs amenés de force par des expulseurs déguisés en soldats SS. Surtout ne pas lésiner sur les costumes.

Manquent au décor les tickets de rationnement. Sur ce point, Hollande fait ce qu’il peut, mais force est de reconnaître que cette charmante monnaie d’échange fait pour l’instant cruellement défaut. Après avoir protesté contre l’expulsion de la raflée, le résistant a besoin de tickets pour régler la facture de la salle de gym où il lutte contre l’embonpoint. Il veut de la file d’attente devant les charcuteries, du militant FN qui passe au pas de l’oie en chantant Heili Heilo, du Jean Gabin qui crie : « Jambier ! C’est 2.000 francs ! Jambier, 45, rue Poliveau ! » Et pas question de coloriser l’affaire. Lunettes noir et blanc pour tout le monde.
Cette expulsion rafleuse de Leonarda — qui nous a rejoué la scène encore mieux que Leonardo DiCaprio — démontre une fois de plus l’étendue de l’imaginaire gauchiste. Retranché dans la cave de Louis de Funès, à l’inverse de Bourvil, il attend la menace pour sortir. Et comme elle ne vient décidément pas, il l’invente : rafles à un, racistes qui présentent des Noirs sur leur liste, fascistes en faveur de la démocratie, il ne fait pas dans la dentelle. C’est son point faible. La grossièreté du décor. Un théâtre de l’à-peu-près qui, hélas pour le show-business, ne marche plus.
Pour nous éviter de régler nos calendriers sur 1942, peut-être faudrait-il leur construire un parc d’attractions ? Gestapoland. Une belle Kommandantur au centre du parc, des figurants, un train fantôme avec des faux Hitler, des baignoires à interrogatoire dans les chambres d’hôtel, des side-cars comme dans La Grande vadrouille et bien entendu des rafles surprises. Pour de rire… Le visiteur serait étiqueté résistant dès son entrée dans le parc. Un vrai bain de jouvence ! Et pendant ce temps-là, pendant que les enfants s’amuseraient, les parents pourraient parler de choses sérieuses. Des choses de 2013, par exemple…

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