TOUT EST DIT

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vendredi 14 janvier 2011

Le fric, l’Allemagne et Arditi

Il y a des limites aux performances allemandes impressionnantes. Le bilan est donc équilibré ... ce n’était pas le cas de la (par ailleurs bonne) émission de France 2 "Fric, Krach et gueule de bois".


L’Allemagne a enregistré l’an dernier sa croissance la plus forte depuis 20 ans. Ce n’est pas un modèle parce qu’aucun pays n’est un modèle absolu. Mais c’est évidemment un exemple à regarder de près.

La croissance allemande a atteint 3,6% l’an dernier – deux fois plus qu’en France. La récession aussi avait été de l’autre côté du Rhin deux fois plus importante qu’ici. La situation allemande reste toutefois préférable parce que la récession est finie et que la croissance semble bien installée – plus de 2 % prévu cette année. Du coup, l’effet de la crise devrait être effacé très vite. Côté des bons points, il faut encore relever un taux de chômage inférieur à 8 % et un déficit public de 3,5% du PIB. Cela veut dire que Berlin a été moins dogmatique qu’on le disait pendant la crise mais que la situation reste sous contrôle.

Y a-t-il des limites à ces performances impressionnantes ? Il faut chercher pour les trouver ! La première est que le moteur allemand tourne depuis des années sur les exportations et que la consommation a été longtemps le parent pauvre, avec des salaires comprimés. Mais cela est en train de changer. La seconde est que l’Allemagne, outre une démographie catastrophique qui explique la baisse du chômage, va bien, mais après une décennie très moyenne. C’est donc aussi un rattrapage. La dernière chose est que son modèle exportateur ne fonctionne que si les autres pays, notamment en Europe, vont bien. Sinon, pas de clients ! Au total, c’est donc un bon bilan, mais il y a des forces et des faiblesses, tout n’est pas absolument blanc ou noir, unique, sans nuance.

Fric krach et gueule de bois, le roman de la crise_Partie1
envoyé par buggeeXP. - L'info video en direct.
Je n’utilise pas ces mots par hasard ! Je vise le documentaire sur la crise diffusé mardi 11 janvier sur France 2 (Fric, krach et gueule de bois) et préparé par Pierre Arditi, l’écrivain Erik Orsenna et l’économiste Daniel Cohen ! Un film regardé par 3,2 millions de personnes, un succès. Je suppose que tous les lecteurs ne l’ont pas vu. En gros, il retrace l’histoire économique, en partant des années 1960 et 1970 (une sorte de paradis), en passant par la décennie 1980 (la désindustrialisation et la victoire du libéralisme à la Thatcher et Reagan), puis la décennie 1990 (les années Tapie), et enfin le début des années 2000 (l’explosion de la bulle Internet). Le tout débouchant, logiquement puisque l’argent pourrit tout, sur la crise actuelle. C’est vif, c’est bien fait, mais ce travail illustre nos difficultés à déchiffrer ce qui se passe, les incroyables nouvelles interactions. Rien n’est faux, mais c’est incomplet. On passe 80 minutes en se disant qu’il manque quelque chose...

Bien sûr, la montée de la cupidité et les dérives scandaleuses des banques américaines sont vraies. Mais pas un mot sur l’autre versant, qui n’excuse pas le premier mais existe. Les ouvertures de frontières ont certes libéré des forces difficiles à contrôler. Mais grâce à la mondialisation, des centaines de millions de gens sortent de la pauvreté et des classes moyennes apparaissent. Dans le film, où sont l’Inde et le Brésil ? Nulle part. Dans les vieux pays, le niveau de vie moyen a augmenté ou est resté stable, il ne s’est pas effondé. Y compris chez nous. Le film ne parle pas de l’Allemagne ! Faut-il oublier que des révolutions technologiques sont nées, y compris peut-être de la bulle Internet. Enfin, le capitalisme n’a pas non plus cassé les Etats : en France, la part des dépenses collectives n’a jamais été aussi élevée, et elles sont bien financées par l’économie, donc en partie les entreprises.

Bref, tout n’est pas blanc ou noir : ce serait hélas trop facile !

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