TOUT EST DIT

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vendredi 14 janvier 2011

Acquis sociaux, jusqu'où ?


Faut-il sacrifier nos ouvriers pour sauver nos usines ? Faut-il que les cols bleus acceptent, au nom de la défense de l'emploi, d'être la première génération d'Occidentaux à voir leurs acquis sociaux être progressivement rognés ? La question est aujourd'hui directement posée aux salariés de Fiat en Italie, mais elle se pose au quotidien de façon plus indirecte à tous les ouvriers européens soumis à la concurrence croissante des pays émergents.


La polémique récente sur la remise en cause définitive des 35 heures en France comme le débat permanent sur le niveau des charges sociales pesant sur le travail dans l'Hexagone prouvent que ces questions qui dérangent ne sont plus taboues. Pour faire face aux pays à faible coût de main-d'oeuvre et garder une chance de conserver une industrie, la France a conscience qu'elle doit investir dans sa recherche, se spécialiser dans le haut de gamme et les produits à forte valeur ajoutée. Elle sait aussi qu'elle devra faire des efforts en termes de productivité et de coût du travail. En Amérique, le sauvetage de General Motors a eu des conséquences radicales pour ses salariés, dont les niveaux de retraite, de couverture santé, voire de salaire ont pour certains été renégociés à la baisse. Entre « chantage à l'emploi » ou « gel des rémunérations », les salariés français ont compris qu'ils faisaient désormais eux aussi bien partie de la variable d'ajustement.


Il ne faudrait cependant pas que l'indispensable effort soit totalement à sens unique. Au-delà du débat sur la juste rémunération des actionnaires, c'est aussi sur nos partenaires commerciaux internationaux qu'il faut sans doute faire quelque peu pression. Sans sombrer dans le protectionnisme, le nouveau maître mot doit désormais être « réciprocité ». Une réciprocité qui aille au-delà de simples règles sur l'accès au marché ou la possibilité de prendre le contrôle d'un groupe étranger. La réciprocité, c'est aussi s'assurer que nos partenaires respectent un minimum de règles sociales ou environnementales. Pour que la mondialisation, globalement très bénéfique, ne débouche pas à terme sur un nivellement par le bas pour l'industrie, il faut que l'Europe, en particulier, accepte de défendre un principe de base : pour que le commerce soit libre, il faut aussi qu'il soit équitable.

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