Le parcours du combattant du soldat Woerth continue, et l’ancien ministre est de plus en plus seul à devoir en franchir les obstacles. Dans l’affaire Bettencourt, où il est soupçonné de conflit d’intérêts à propos de l’embauche de son épouse Florence, la mère et la fille, qui ont déclenché le maelström, se sont réconciliées. Elles ont sacrifié en passant le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et l’encombrante Légion d’honneur que lui avait décernée celui qui était alors ministre du Budget. Dans ce dossier, émaillé de sous-chapitres portant sur du financement politique occulte et sur de l’évasion fiscale, Éric Woerth a été projeté sur le devant de la scène par un tourbillon familial digne d’une pièce de Feydeau. Le rideau est retombé derrière lui, et il est désormais tout nu face au public.
Son départ forcé du gouvernement, le 14 novembre dernier, n’a pas éteint les projecteurs dardés sur sa personne. Deux jours à peine après qu’il eut perdu son portefeuille, il apprenait que le procureur général près la Cour de cassation saisissait la Cour de Justice de la République pour une autre affaire, concernant la vente de l’hippodrome de Compiègne, dans le département de l’Oise, où il est élu. Hier, cette saisine s’est traduite par l’ouverture d’une enquête à son encontre. Les faits qui sont reprochés à Éric Woerth sont graves, puisqu’ils portent sur une prise illégale d’intérêt passible de prison ferme.
L’ancien ministre est présumé innocent, et rien ne dit que cette enquête mènera à un procès.
Sur le plan judiciaire, Éric Woerth est loin d’avoir dit son dernier mot. Sur le plan politique, en revanche, il est plus que jamais dans l’œil du cyclone, et il ne pourra guère espérer l’aide de ses amis. Il a maladroitement tenté de « mouiller » les services du Premier ministre dans la décision de vendre l’hippodrome de Compiègne. Le démenti de Matignon n’a pas tardé. Tant qu’il était ministre, le chef de l’État et le chef du gouvernement lui ont témoigné une solidarité sans faille, appuyant sans barguigner toutes ses dénégations, même les moins étayées. C’est fini. Désormais, le député de l’Oise devra se défendre lui-même, sans tenter d’impliquer ses petits camarades. Pas question que les affaires Woerth polluent la campagne électorale qui s’engage.
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