vendredi 14 janvier 2011
Fragilités de gauche et de droit
C'est le principal mérite des cérémonies de voeux qui jalonnent janvier : elles offrent le temps de scruter le paysage préprésidentiel. Et de discerner deux différences et une similitude majeure entre la majorité et l'opposition.
À seize mois de l'échéance, l'UMP dispose d'un candidat naturel, en la personne du président de la République, et d'une ligne programmatique dont on distingue déjà les contours. Le Parti socialiste, première différence, n'aura pas de porte-drapeau avant neuf mois ni de projet définitif, avant de connaître son candidat et de savoir si nous serons sur le sentier de la croissance ou dans le ravin européen.
Car il ne faut pas exclure que l'onde de choc de la crise vienne bouleverser la donne. Que serait une politique libérale dans un monde encore plus chahuté qu'aujourd'hui ? Que serait un projet socialiste à la tête d'un État prétendument protecteur mais paralysé par la dette ? Ce climat aura beaucoup d'influence sur le contenu des programmes et sur le choix et les chances des hommes et des femmes en compétition.
Pour la droite, seconde dissemblance, ce calendrier permet de prendre de l'avance, de maîtriser le tempo de l'actualité, de faire campagne sans se déclarer et d'attiser les affrontements internes à la gauche jusqu'à l'automne. Pour Martine Aubry, au contraire, qui fait, comme François Fillon, de la sobriété sa marque de fabrique, il convient de gravir méthodiquement une marche après l'autre : gagner les cantonales d'abord, convenir d'un programme et civiliser la primaire pour créer une dynamique.
Reste à savoir si les impatiences de l'opinion toléreront cette lente maturation. L'accélération du temps médiatique complique la tâche de ceux qui considèrent que la politique, dans un monde brouillé, nécessite de rassembler et d'approfondir. À l'inverse, cette tranquillité à la Merkel, à condition qu'elle ne vire pas à l'ennui, peut rassurer.
En revanche, droite et gauche ont en commun d'être confrontées à une sorte de symétrie d'embarras.
L'UMP, qui aura besoin de renouer avec des électeurs centristes un peu échaudés, est sans cesse déportée sur sa droite par les thématiques du Front national. Cette situation est d'autant plus délicate pour le parti présidentiel que Marine Le Pen, probablement désignée, dimanche, au congrès de Tours, n'est pas dans une posture purement protestataire : contrairement à son père, elle aspire clairement à gouverner en pensant à des alliances qui ne laissent pas l'électorat de droite tout à fait indifférent.
Quant au PS, une fois levée l'inconnue Strauss-Kahn, il devra composer avec des écologistes qui ne se contenteront pas, selon leur résultat électoral, de verdir son programme. Il devra aussi offrir plus que de l'antisarkozysme pour espérer faire cause commune avec le truculent Jean-Luc Mélenchon, s'il est confirmé candidat du Front de Gauche.
Avant de devenir des alliés possibles du second tour, les uns et les autres peuvent être des rivaux redoutables au premier tour. Ce jeu normal de la démocratie, exacerbé par la cristallisation des oppositions à Nicolas Sarkozy, peut conduire à un émiettement et surtout à une confrontation de populismes qui compliqueraient l'émergence d'une majorité crédible.
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