TOUT EST DIT

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jeudi 28 octobre 2010

Retraites : vous avez dit "baroud" ?

N'allez pas parler de "baroud d'honneur" aux syndicats pour cette septième journée d'action contre la réforme des retraites : la CGT évoque 269 défilés prévus, et Bernard Thibault s'attend "à un bon niveau de mobilisation". Mais il sera dur de mobiliser. Le gouvernement, lui, estime avoir gagné.

Tous les leaders de gauche, de Martine Aubry à Cécile Duflot en passant par Jean-Luc Mélenchon ou encore Olivier Besancenot, seront dans la rue ce jeudi pour la septième journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites, définitivement votée mercredi par le Parlement. A Paris, le Parti socialiste qui défend une "réforme juste et durable", se retrouvera autour de Martine Aubry, Harlem Désir, Benoît Hamon ou Jean-Paul Huchon à partir de 13 heures à l'angle de la rue Saint-Denis et du boulevard Bonne nouvelle. Les socialistes, qui ont l'intention de saisir le Conseil constitutionnel après l'adoption du texte, ne désarment pas contre le projet de loi. Martine Aubry a ainsi demandé mercredi à Nicolas Sarkozy de ne pas promulguer le texte sur les retraites, estimant que le vote de la réforme marquait la victoire "de l'injustice et du mépris" en France. Dans un communiqué, l'ancienne ministre des Relations sociales assure que les socialistes se mobiliseront "jusqu'au bout contre ce texte".
Du côté des syndicats, on réfute par avance le terme de "baroud d'honneur". Même si, reconnaît le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, "l'objectif n'est pas de battre des records" alors que la précédente journée, le 19 octobre, avait rassemblé entre 1,1 million de manifestants (selon la police) et 3,5 millions (selon les syndicats). Bernard Thibault s'attend tout de même "à un bon niveau de mobilisation", avec 269 défilés prévus, selon son syndicat. "Nous appelons de nouveau à être des centaines de milliers dans les rues directement en direction du président de la République, pour lui demander de ne pas promulguer cette loi", a lancé le leader syndical mercredi sur France 3. "Moi, je ne vois aucune perspective de sortie de crise au stade actuel, je certifie au contraire que les questions des revendications portées par ce mouvement (...) ça ne va pas s'arrêter", a-t-il ajouté. Et selon lui, les manifestants qui descendront dans la rue ce jeudi adresseront un message directement à Nicolas Sarkozy.
"C'est compliqué"
Mais les dirigeants syndicaux craignent une démobilisation comparable à celle qui a marqué mardi les manifestations de lycéens et d'étudiants, peu nombreux dans les rues de France en raison, notamment, des vacances de la Toussaint. "C'est compliqué de raidir les choses après sept jours de grève. L'atterrissage était un peu prévisible", note René Valladon, le secrétaire confédéral de Force Ouvrière. Avant même les chiffres de mobilisation dans la rue, les grèves sont annoncées en mode mineur pour ce jeudi avec, par exemple, une prévision de huit TGV sur 10 faite par la SNCF et les éboueurs s'affairant à vider les rues de Marseille des milliers de tonnes d'ordures accumulées dans les rues.
Les sondages restent largement favorables aux manifestants : 65% des Français apportent ainsi leur soutien à la journée de grève et de mobilisation de ce jeudi, selon un sondage CSA paru dans Le Parisien. C'est toutefois un chiffre en baisse de six points par rapport à la journée du 19 octobre. "Ce que l'on sait c'est qu'il y a un peu de fatigue et puis c'est les vacances scolaires (...) On ne s'attend pas à battre des records aujourd'hui mais cela montre qu'il y a un maintien de la pression et que la loi ne passe pas dans l'esprit des gens", a reconnu dès jeudi matin Jean-Claude Mailly sur France 2. Tout en mettant d'avance en garde le gouvernement, qui a selon lui "plombé" pour longtemps le dialogue social en France : "Il y a un vrai sentiment de colère, c'est de la colère pas de la résignation". "Le problème des retraites n'est pas soldé", a martelé pour sa part François Chérèque sur LCI, réfutant tout éclatement du front syndical (voir vidéo ci-dessus).
Gouvernement et élus UMP estiment néanmoins, dans l'immédiat, avoir gagné leur bras de fer avec les syndicats, même s'ils se refusent à pavoiser : "Ce n'est ni la victoire de la majorité sur l'opposition, ni la victoire du Parlement sur la rue, ni une victoire du gouvernement sur les syndicats, c'est la victoire de l'intérêt général sur les corporatismes de chacun", a ainsi martelé l'UMP Jean Leonetti. La principale menace, la grève dans les raffineries et le blocage des dépôts de carburant qui, selon le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a failli entraîner une "asphyxie totale de l'économie française", est en train de s'éloigner. Les raffineries de Petit Couronne, en Seine-Maritime, et de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, ont voté mercredi la reprise du travail, portant à sept sur 12 le nombre de raffineries en mesure d'expédier du carburant. Si cinq raffineries de Total sont toujours en grève et le resteront jusqu'à vendredi, le mouvement s'éteint. "Quoi qu'il arrive vendredi, on a montré qu'on avait une capacité de résistance", estime pourtant Charles Foulard, l'emblématique coordinateur CGT pour le groupe pétrolier, comme pour signifier qu'il s'agit d'un combat finissant.

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