Pour en arriver là, il faudrait d'abord que Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry, qui distancent largement leurs concurrents dans les sondages, sortent du jeu. L'un comme l'autre envoient tellement peu de signes témoignant de leur envie d'être candidats que certains commencent à s'interroger : et si le directeur général du Fonds monétaire international et la première secrétaire renonçaient… L'incertitude permet à chacun d'échafauder des scénarios alternatifs. Les entourages des favoris démentent. «Dominique n'est pas Jacques Delors», disent les uns. Favori dans l'opinion en 1994, l'ancien président de la Commission européenne avait décliné. «Martine se prépare», assurent les autres.
Mais le doute s'est installé. Sur DSK d'abord. «Il n'y a plus beaucoup de gens pour croire au retour de l'imam caché. Les chiites sont minoritaires», s'amuse un responsable de la gauche du PS en maniant la référence religieuse à cette figure messianique de l'islam. Doute ensuite sur la volonté et les chances d'Aubry: «Dans une primaire sans DSK, personne ne fait plus de 30%. Les candidats sont ramenés à une échelle humaine», affirme Pierre Moscovici. Un membre du PS envisage un autre scénario: «Si Ségolène continue de monter et dépasse Martine dans les sondages, Aubry perdra sa qualité d'être celle qui fait barrage à Royal. Dans ce cas, les socialistes pourraient se retourner vers Hollande.»
L'hypothèse d'un effondrement des favoris est volontiers alimentée dans l'entourage de François Hollande. «Ces deux candidats potentiels peuvent ne pas l'être, même si c'est pour des raisons différentes», dit-on. Le député de l'Essonne Julien Dray théorise de son côté un «désistement en série» qui permettrait à l'ancien premier ministre Laurent Fabius de tenter sa chance. Les cartes du jeu seraient alors totalement rebattues.
Mais si le match Royal-Hollande nourrit tant les fantasmes, c'est aussi pour une autre raison, qui mêle vie privée et vie publique. Les deux responsables ont mis un terme à leur vie commune après la présidentielle de 2007. Entre eux, les relations sont toujours compliquées. Ségolène Royal évite de prononcer le nom de François Hollande. Tout au plus parle-t-elle de «l'ancien premier secrétaire». Le député de Corrèze, de son côté, a plus de facilité à évoquer la campagne présidentielle de son ex-compagne. Il distingue la «vie publique» d'aujourd'hui et sa «vie antérieure» . Récemment, il a évoqué dans Gala sa nouvelle compagne en parlant de la «femme de sa vie». «Ça pourrait lui coûter cher» durant les primaires, murmure-t-on au sein du parti: preuve que les affaires privées peuvent avoir des conséquences politiques.
Comment imaginer une compétition qui les oppose sereinement ? «En 2006, ils ne pouvaient pas être candidats l'un contre l'autre pour des raisons évidentes. Mais en 2011, qu'est-ce qui les en empêche ?», conclut un proche de l'ex-premier secrétaire. Techniquement, rien. D'ailleurs, François Hollande l'envisageait lui-même dès août 2007, comme le rapportait Le Point: «Tout est imaginable.»
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