Tout a été dit sur la réforme des retraites. Le contraire, aussi. Chaque argument brandi par le gouvernement, les syndicats ou l'opposition ne recèle que cette part de vérité que l'on veut entendre pour rester sourd aux autres. Car dans ce débat, tout est sujet à caution, hormis l'évolution démographique qui pousse à une réforme. Toutefois, dans la réflexion et le consensus. Un consensus qui a nécessité une dizaine d'années en Suède dont le modèle est aujourd'hui envié.
Mais apparemment en France, il y avait urgence jusqu'à tailler cette réforme (provisoire) à la hache. Au nom de qui, de quoi ? Des marchés financiers qui ne prêtent qu'aux « riches », aux pays les mieux notés ? C'est-à-dire à ceux qui réduisent leurs dépenses en commençant par le social, selon l'implacable logique néo-libérale qui, si on la suit jusqu'au bout du raisonnement, mènera un jour à la suppression de l'Etat dépensier. Au nom de l'Europe rêvant toujours des critères de Maastricht et aveuglée par son dogmatisme monétariste ? Pour le plus grand profit des autres acteurs de la mondialisation, Chine et États-Unis.
Ou bien y avait-il urgence à se mettre au diapason de Berlin, ce nouveau « phare » de la politique française, comme l'était Londres durant la IIIe République ? C'est oublier que la retraite allemande à 67 ans, montrée en exemple par le gouvernement, ne s'appliquera (peut-être) qu'en 2027. C'est oublier l'essentiel, le revenu sur lequel sont prélevées les cotisations, donc à l'origine des retraites à payer, qu'elles soient de base ou complémentaires. Un ouvrier allemand de l'automobile avec un salaire mensuel de 3000 € dispose forcément d'autres moyens que son homologue français. Surtout, c'est omettre la flexibilité du système allemand avec ses préretraites, ses multiples exceptions et ses faibles « décotes ». Ainsi outre-Rhin, pour le régime de base, une personne qui ferait valoir ses droits à pension avec 35 années de cotisation subirait une décote d'environ 7% contre 25% en France...
Les disposition légales sur la retraite cachent de multiples particularismes d'un pays à l'autre, voire à l'intérieur d'un même pays (en France subsistent toujours 38 régimes différents). Décider sans tenir compte de la pléthore des cas particuliers est un non sens. Curieusement, c'est aussi ce que disent nos parlementaires... quand il s'agit de leurs propres et confortables retraites financées à 90% par le contribuable. Mais soyons justes, ils viennent de faire un sacrifice, en réduisant leur pension de 8% dès janvier, soit l'équivalent du 13e mois... Que celles et ceux qui croient un jour percevoir - ou perçoivent déjà - un treizième mois de retraite lèvent le doigt !
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