Comme certains de mes confrères, je m’interrogeais la semaine dernière (lire notre édition du 3 décembre en page 4) sur l’étrange silence de Martine Aubry à propos de la préparation de l’élection présidentielle en général et de l’entrée fracassante de Ségolène Royal dans la bataille des primaires socialistes.
Et de conclure qu’ou bien elle n’avait pas l’envie et la rage d’être elle-même candidate, ou bien qu’elle avait appris de la bouche de DSK qu’il serait candidat et qu’elle s’effaçait devant lui. « On le saura très vite », disions-nous.
On l’a su en effet très vite, très précisément en lisant dimanche la très longue interview de Martine Aubry au Journal du dimanche. Dans cette interview intitulée « Mon devoir, préparer la gauche à gagner » la première secrétaire maintient le calendrier des primaires et annonce qu’elle fera connaître sa décision personnelle en juin.
Au passage, elle stigmatise l’impatience d’une Ségolène Royal ou d’un François Hollande mais elle ne dit pas un mot de Dominique Strauss-Kahn. Pour tous ceux qui ont l’habitude de décoder les discours socialistes, une évidence s’impose : non seulement Martine Aubry n’en veut pas à DSK de faire traîner sa prise de décision mais elle la couvre, l’approuve et roule désormais pour sa candidature en mettant sa légitimité et ses moyens de patronne des socialistes à son service. Peu importe que François Hollande minimise la popularité actuelle de DSK et que Bertrand Delanoë s’agace du culte du sauveur suprême, Martine Aubry taille la route pour l’actuel directeur du FMI.
Laurent Fabius avait récemment laissé entendre à demi-mot que lui aussi était au courant, et c’est donc bien la majorité qui avait conquis le Parti socialiste en 2008 qui est en train de se rassembler derrière DSK. Peu importe à cette coalition les candidatures de témoignages de Manuels Valls et d’Arnaud Montebourg, voire même celle plus consistante de François Hollande, la seule véritable adversaire de DSK aux primaires de septembre 2011 sera Ségolène Royal et il faudra toute la puissance de l’appareil socialiste pour la contrer. C’est ce qu’on espère à Washington et Rue de Solferino.
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